SUIVI
DE LA CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE EUROPÉENNE
SUR
LES DROITS DE L'HOMME
(ROME,
3-4 NOVEMBRE 2000)
par
Alfonso de Salas
Chef
de la Division de la coopération intergouvernementale
Direction
générale II - Droits de l'Homme, Conseil de l'Europe
Résumé
: En coopération avec les
Autorités italiennes, le Conseil de l’Europe a organisé une Conférence
ministérielle européenne sur les droits de l’homme (Rome, 3-4 novembre 2000)
pour marquer le Cinquantenaire de la Convention européenne des droits de
l’homme. La Conférence a été l’occasion de faire un bilan et de renforcer
la coopération intergouvernementale en Europe dans le domaine des droits de
l’homme.
Abstract
: In
co-operation with the Italian Authorities, the Council of Europe organised an
European Ministerial Conference on Human Rights (Rome, 3-4 November 2000) to
mark the 50th Anniversary of the European Convention of Human Rights.
The Conference has been the occasion to take stock of the situation and to
strengthen the intergovernmental co-operation in Europe in the field of Human
Rights.
Note : Les
opinions émises dans cet article n'engagent que son auteur.
Impression
et citations : Seule la version
au format PDF fait référence. |
1. A
l’occasion du 50e anniversaire de la Convention de Sauvegarde des
Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales, ouverte à la signature à
Rome le 4 novembre 1950, une Conférence ministérielle européenne sur les
droits de l’homme s'est réunie à Rome les 3-4 novembre 2000.
2. Organisée
sous l'égide du Conseil de l'Europe
en coopération avec les autorités italiennes, cette Conférence a certes salué
les avancées impressionnantes opérées en l'espace d'un demi-siècle, mais
elle s'est gardée de verser dans l'autosatisfaction. Elle a appelé les Etats
membres du Conseil de l'Europe à donner une nouvelle impulsion à leur
engagement de protéger effectivement les droits de l’homme tant dans leur
ordre juridique national qu’au niveau européen, en soulignant que le respect
d'un tel engagement est essentiel pour la sécurité et le bien-être des
individus et pour la stabilité du continent.
*
* *
3. Cet
article évoque dans ses grandes lignes les textes politiques adoptés à cette
occasion et les premières suites qui y ont été données. En effet, la Déclaration
et les deux Résolutions adoptées par la Conférence constituent un véritable
programme pour la coopération intergouvernementale au sein du Conseil de
l'Europe, à mettre en oeuvre au cours des prochaines années.
Déclaration
:
"La
Convention européenne des droits de l'homme a cinquante ans : Quel avenir
pour la protection des droits de l'homme en Europe ?"
Un
bilan globalement positif
4. Un
hommage a été rendu à juste titre aux progrès réels accomplis en matière
de protection des droits de l’homme au cours des cinquante dernières années
en Europe. Notre continent, qui a connu pendant la première moitié du XXème
siècle les violations des droits de l'homme peut-être les plus massives de
l'histoire, est aujourd'hui un exemple pour d'autres régions du monde.
5. En
effet, l’immense majorité des Etats européens a pris, dans le cadre de la
Convention européenne des droits de l'homme, des mesures propres à assurer la
garantie collective d'un certain nombre de droits fondamentaux. Ils se sont
engagés en particulier à reconnaître à toute personne relevant de leur
juridiction les droits et libertés définis dans la Convention et à se
conformer aux arrêts définitifs de la Cour européenne des Droits de l'Homme
dans les litiges auxquels ils sont parties.
6. La
Conférence a souligné l'impact de la Convention et de la jurisprudence de la
Cour sur l’ensemble des Etats Parties, leur effet unificateur en Europe et
les progrès significatifs qui ont été ainsi opérés dans notre continent et
notamment, à travers l’élargissement du Conseil de l’Europe après 1989,
dans les nouveaux Etats membres.
7. De
même, elle a signalé que le développement de la protection juridique des
droits de l’homme dans le cadre du Conseil de l’Europe est une contribution
majeure à la réalisation concrète des buts énoncés dans la Charte des
Nations Unies, ainsi que des droits civils et politiques figurant dans la Déclaration
universelle des Droits de l’Homme. Dans sa Déclaration, la Conférence a également
réaffirmé le rôle central que la Convention, avec son système unique de
contrôle, doit continuer à jouer en tant qu’instrument constitutionnel de
l’ordre public européen dont dépend la stabilité démocratique du
continent. Cela étant, elle a tenu à saluer l'intérêt croissant porté par
l’Union européenne aux droits de l’homme, qui s’est exprimé récemment
par l’élaboration d’une Charte des droits fondamentaux.
9. Enfin,
la Déclaration a mis en exergue la contribution importante en matière de
protection, promotion et sensibilisation aux droits de l'homme, notamment auprès
de la société civile, fournie par les Ombudsmen, les institutions nationales
des droits de l’homme et les ONG.
Des
ombres au tableau
10. En
dépit des progrès accomplis, des situations de conflit ou de crise aboutissant
à des violations graves et massives des droits de l'homme les plus fondamentaux
sont à déplorer dans certaines régions d'Europe, dans un passé récent ou même
aujourd'hui. La Déclaration a appelé les Etats concernés à y mettre fin immédiatement
et a invité le Conseil de l'Europe a renforcer son rôle pour prévenir et répondre
de manière rapide et efficace à de telles situations. La Déclaration a lancé
un appel pressant aux Etats membres pour qu'ils assument pleinement la
responsabilité qui leur incombe en premier lieu de s'assurer du respect des
droits de l'homme, en veillant continuellement à ce que leur législation et
leur pratique soient conformes à la Convention
et à exécuter les arrêts de la Cour.
11. D'autres
ombres au tableau relevées dans la Déclaration portent sur les difficultés
que la Cour européenne des Droits de l'Homme connaît aujourd'hui en raison du
nombre croissant de requêtes, au risque de mettre en péril sa viabilité même.
La Déclaration a demandé au Conseil de l'Europe de prendre les mesures qui
s'imposent à court et à moyen terme.
12. Ces
aspects essentiels (responsabilité première des Etats, nécessité d'aider la
Cour à s'acquitter de ses fonctions) sont les principaux points développés
par la Conférence dans sa Résolution n° I.
Résolution
n° I :
Mise
en œuvre institutionnelle et fonctionnelle de la protection des droits de
l'homme aux niveaux national et européen
13. Il
est reconnu que le mécanisme de contrôle institué par la Convention a un
caractère subsidiaire, les droits qu'elle garantit devant être protégés
pleinement tout d’abord par le droit interne et appliqués par les autorités
nationales, notamment les organes juridictionnels. Il n'est pas inutile de
rappeler que la qualité d’Etat membre du Conseil de l’Europe implique le
respect des obligations découlant de la Convention et que, conformément à
l’article 13 de celle-ci, toute personne dont les droits et libertés reconnus
dans la Convention ont été violés a droit à l’octroi d’un recours
effectif devant une instance nationale.
14. Bien
entendu, les efforts accomplis par les Etats membres pour donner plein effet à
la Convention dans leur droit interne et pour se conformer aux arrêts de la
Cour ont été relevés. En particulier, la Conférence s'est félicitée du
fait que la Convention ait des effets directs dans l’ordre juridique interne
de la presque totalité des Etats membres.
16. La
Conférence a demandé aux Etats membres de s'assurer que le texte de la
Convention soit traduit et largement diffusé auprès des autorités nationales,
notamment des organes juridictionnels, et que les développements
jurisprudentiels de la Cour soient suffisamment accessibles dans la ou les
langues du pays.
Par ailleurs, les Etats membres ont été appelés à introduire ou renforcer la
formation aux droits de l’homme de l’ensemble des secteurs responsables de
l’application des lois, notamment la police et le personnel pénitentiaire, en
mettant l’accent sur la Convention et la jurisprudence de la Cour.
17. En
effet, l’application des normes de la Convention sur le plan national implique
un effort de sensibilisation et de formation. Le Conseil de l'Europe y
contribue, en particulier par des programmes à l'intention des juges, des
procureurs, des avocats et des fonctionnaires de police (ces derniers, dans le
cadre du Programme Police et Droits de l’Homme).
18. Renforcer
davantage les mécanismes qui, au sein du Conseil de l'Europe, s’occupent des
droits de l'homme a constitué un autre grand souci exprimé par la Conférence,
qui s'est surtout concentrée sur le mécanisme de contrôle institué par la
Convention. Tout en saluant le travail exceptionnel accompli notamment par la
Cour et par l’ancienne Commission européenne des Droits de l’Homme, la Conférence
a estimé indispensable d'identifier un certain nombre de mesures pour assister
la Cour actuelle dans l’accomplissement de ses fonctions.
19. La
Cour s'est donné comme objectif en matière d'efficacité de répondre dans un
délai raisonnable à toutes les personnes qui s’adressent à elle. Au vu de
l'augmentation vertigineuse du nombre de nouvelles requêtes enregistrées, sa
capacité de traitement des affaires au stade précédant la recevabilité est
devenue son principal souci, au point que de nouvelles mesures devront être
prises pour augmenter le rendement
et/ou réduire l’afflux d’affaires.
20. Un
autre objectif pour la Cour est de rendre des arrêts de qualité dans les
affaires qui soulèvent réellement des questions de droits de l’homme. Les
statistiques montrent que la plupart des requêtes enregistrées sont déclarées
irrecevables (environ 84 %) et que, parmi celles déférées à la Cour, un
nombre très important porte sur des affaires quasiment identiques (affaires
dites « clones »), concernant notamment l'exercice des droits de la
procédure (article 6 de la Convention - droit à un procès équitable). Il semble possible pour
la Cour d'augmenter la cadence de ses arrêts concernant de telles affaires. En
revanche, s'agissant d'affaires qui soulèvent des questions nouvelles, il y a
une limite au nombre d’arrêts de ce type que la Cour peut rendre chaque année.
21. Suite
à la Conférence, une réflexion à ce sujet a été entamée au sein du
Conseil de l'Europe. Un Groupe d’évaluation a été chargé d’étudier
les moyens possibles de garantir l’efficacité de la Cour européenne des
Droits de l’Homme. Le Groupe est guidé par deux positions de principe, à
savoir, (i) la réforme ne doit pas entraîner une réduction des droits
garantis par la Convention (tout particulièrement, le droit des individus de
demander réparation devant la Cour doit être préservé, ce droit étant le
trait distinctif et la réalisation unique du système de la Convention) ;
(ii) toute proposition devra concilier délai raisonnable de traitement des
affaires et maintien de la qualité des arrêts et de la jurisprudence.
22. En
lien étroit avec lui, une instance intergouvernementale a également été créée
suite à la Conférence : le Groupe de réflexion sur le renforcement du mécanisme
de protection des droits de l’homme (CDDH-GDR).
Sans limiter son travail à l’examen de propositions visant à accroître la
quantité de décisions et d’arrêts rendus par la Cour (output), ce groupe a également abordé des propositions tendant à
réduire le nombre d’affaires à traiter par la Cour (input), à l’exception de celles qui, se situant uniquement sur un
plan national, visent à réduire le besoin des particuliers de se retourner
vers la Cour (le travail du Groupe s'est ainsi concentré sur le mécanisme de
contrôle de Strasbourg). En particulier, il a abordé la question de l'élévation
du seuil de recevabilité, tout en estimant que cette question relève
essentiellement de la compétence de la Cour. Par ailleurs, le Groupe s'est
montré ouvert quant au choix de procéder à une réforme du système de contrôle
par petites touches, ou au contraire dans le cadre d'une réforme globale. En
tout cas, il a estimé qu'il faut plus qu'une série de réformes mineures si
l'on veut résoudre les problèmes auxquels la Cour est confrontée aujourd'hui.
Améliorer
la surveillance de l’exécution des arrêts de la Cour
23. La
Conférence a également souligné la nécessité d’améliorer la surveillance
de l’exécution des arrêts de la Cour, ce qui contribue à éviter de
nouvelles violations. Cette surveillance est confiée par la
Convention au Comité des Ministres (article 46 § 2 / ancien art. 54).
Dans le cadre de cette fonction, le Comité des Ministres s’assure que les
Etats défendeurs respectent leur obligation de se conformer aux arrêts
(article 46 § 1 / ancien art. 53). Il ne fait pas de doute que la
question est d'importance capitale pour l'efficacité et la crédibilité de
l'ensemble du système de contrôle prévu par la Convention.
24. Il
n'est pas inutile d'évoquer le rôle joué par le Comité des Ministres dans ce
contexte, rôle qui est peut-être moins connu que celui de la Cour.
25. Le
Comité des Ministres s’assure que la satisfaction équitable, telle qu’établie
dans les arrêts de la Cour, est payée aux requérants et veille à ce que des
mesures soient prises, en faveur des requérants, de nature à rétablir, autant
que faire se peut, la situation existante avant le constat de violation (ces
mesures peuvent, par exemple, consister en l’octroi de permis de séjour, la réouverture
d’une procédure pénale et/ou la radiation d’une peine du casier
judiciaire).
26. Il
vérifie également que les Etats adoptent des mesures de caractère général
afin d’éviter de nouvelles violations semblables à celles déjà constatées
dans les arrêts de la Cour.
27. Lorsqu’il
estime avoir rempli ses fonctions en vertu de l’article 46, § 2, de la
Convention (ou des anciens articles 54 et 32 de la Convention), le Comité des
Ministres adopte une résolution dans laquelle il prend note de l’ensemble des
mesures prises par l’Etat défendeur.
28. Le
Comité des Ministres peut également être amené à adopter, en cours
d’examen des affaires, des résolutions intérimaires
faisant état de mesures d’exécutions provisoires prises et des projets
de réformes envisagées afin de remédier aux violations constatées.
29. Enfin,
le Comité des Ministres peut être contraint à adopter des résolutionsintérimaires destinées à faire pression sur l'Etat défendeur. Ainsi,
en 2000, il en a adopté une par laquelle il a sommé un Etat de se conformer
pleinement et sans délai supplémentaire à l’arrêt en payant à la requérante
la satisfaction équitable accordée,
et une autre par laquelle il a demandé à un autre Etat de faire de rapides et
visibles progrès dans la mise en œuvre de mesures générales afin de se
conformer à certains arrêts.
31. Par
ailleurs, la Conférence a évoqué la question du réexamen ou la réouverture
de certaines affaires au niveau national suite à des arrêts de la Cour. Elle
s'est félicitée de l’adoption par le Comité des Ministres en 2000 d'une
recommandation à ce sujet à l'intention des gouvernements des Etats membres.
A l'heure actuelle, le Comité DH-PR
examine le degré de mise en oeuvre de cet instrument dans les divers
Etats membres.
*
* *
32. En
dehors des améliorations à apporter au système en place, la Conférence
ministérielle a débattu d'autres aspects d'actualité en Europe concernant le
respect des droits de l’homme. Tout en soulignant que la promotion des droits
de l’homme et le renforcement de la démocratie pluraliste sont autant de
contributions à la stabilité en Europe, elle a manifesté sa préoccupation
face aux situations de conflit ou de crise qui ont posé récemment, et
continuent de poser dans certaines régions de notre continent, des questions
fondamentales quant au respect des droits de l'homme. Par la même occasion,
elle a relevé des insuffisances notoires dans la réponse des institutions
européennes face à de telles situations.
Résolution
n° II :
Le
respect des droits de l'homme, facteur-clé de stabilité démocratique et de
cohésion en Europe : questions d'actualité
33. La
Conférence a ainsi constaté que, bien que le Conseil de l’Europe ait pour
vocation première la défense des droits de l’homme et que sa composition
soit paneuropéenne, les potentialités de cette Organisation sont
insuffisamment exploitées pour mettre fin aux cas de violations graves et
massives des droits de l'homme et de prévenir de telles violations.
34. En
conséquence, elle a demandé aux instances de cette Organisation d'assumer
pleinement leurs responsabilités respectives conformément à leur mandat, afin
qu’elles puissent répondre de manière rapide et efficace à de telles
situations ou prendre des mesures afin de les prévenir.
35. Cette
demande concerne au premier chef le Comité des Ministres et l’Assemblée
Parlementaire (chacun ayant son propre rôle politique à jouer lorsque de
telles violations se produisent sur le territoire d’un Etat membre), mais elle
s'adresse aussi au Secrétaire Général
et au Commissaire aux Droits de l’Homme,
ainsi qu'aux responsables des autres instances et mécanismes du Conseil de l’Europe,
parmi lesquels la Conférence a mis en exergue le Comité européen pour la prévention
de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT).
36. Le
Conseil de l’Europe a été également appelé à développer un plus large éventail
de réponses face aux cas de non-respect par les Etats membres des normes du
Conseil de l'Europe en matière de droits de l'homme.
37. La
Conférence a considéré souhaitable que le Comité des Ministres entame un
processus de réflexion sur la protection des droits de l’homme pendant les
conflits armés, ainsi que dans les cas de troubles et tensions internes, y
compris ceux résultant d’actes terroristes, en vue d’évaluer la situation
juridique actuelle, d’identifier d’éventuelles lacunes d’ordre normatif
dans la protection de l’individu et de faire des propositions pour les
combler. Cette réflexion est menée au sein du Comité d'experts du CDDH pour
le développement des droits de l'homme (DH-DEV).
38. Plusieurs
Etats membres n’ayant pas encore procédé à l’abolition de la peine de
mort et à la ratification du Protocole No. 6 à la Convention, la Conférence
leur a adressé un message pressant pour qu'ils le ratifient dans les plus brefs
délais et, dans l’intervalle, respectent strictement les moratoires
concernant les exécutions et s’abstiennent d’extrader ou d’expulser des
individus vers des pays où ils courent un risque réel d’être condamnés à
mort ou exécutés. En outre, elle a invité les Etats membres qui connaissent
encore la peine de mort pour les actes commis en temps de guerre ou de danger
imminent de guerre à envisager de l’abolir.
39. L'Europe
est également confrontée à des différentes menaces aux principes d’égalité
et de non-discrimination, telles que le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme
et l’intolérance. En particulier, la Conférence a déploré les cas récurrents
de discriminations à l’encontre des migrants, des réfugiés, des apatrides
et des demandeurs d’asile en raison de leur origine nationale, ethnique ou
culturelle, de leur langue ou de leur religion, qu’ils appartiennent ou non à une minorité nationale, et se référant en particulier
à la situation des Roms/Tsiganes et a exprimé également son inquiétude face
à la persistance des inégalités qui affectent les femmes et la traite des êtres
humains aux fins d’exploitation sexuelle.
40. Soulignant
l'adoption par le Comité des Ministres du Protocole No. 12 à la Convention,
qui introduit une interdiction générale de la discrimination, elle a invité
les Etats Parties à la Convention à envisager la signature de cet instrument
et à entamer le processus de ratification, en vue d’une entrée en vigueur
rapide du Protocole.
De même, elle a invité les Etats concernés
à examiner ou à réexaminer la possibilité de devenir Partie à la
Convention-cadre pour la protection des minorités nationales (1995) et
les Etats Parties à coopérer pleinement avec le mécanisme de suivi mis en
place par cette Convention. Mais il est clair que des
mesures supplémentaires de caractère juridique, politique ou autre doivent être
prises au niveau national interdisant l’incitation à la haine et la
discrimination. La Conférence a invité les Etats membres à prendre de telles
mesures, en particulier s'agissant de l’égalité entre les femmes et les
hommes
et la lutte contre le racisme, l'intolérance, la xénophobie et l'antisémitisme.
41. Les
développements technologiques ont une dimension droits de l’homme qui a également
été évoquée par la Conférence : s'ils
peuvent contribuer au progrès de l'humanité, ils peuvent aussi donner lieu à
des abus menaçant la dignité humaine. Il
importe donc de leur donner un cadre juridique, y compris au niveau européen. A
cet égard, la Conférence s'est notamment référée à la Convention
pour la protection des droits de l’homme et de la dignité de l’être humain
à l’égard des applications de la biologie et de la médecine (1997) et
son protocole additionnel portant interdiction du clonage d’êtres humains
(1998), et a encouragé les Etats
membres qui n’ont pas encore signé et ratifié ces instruments à envisager
de le faire. De même, elle a appuyé l’action du Conseil de l’Europe visant
à prévoir une protection supplémentaire dans des domaines tels que la
transplantation d’organes, la recherche biomédicale, la génétique humaine
et la protection de l’embryon et du foetus humains.
42. La
Conférence a en outre encouragé le Conseil de l’Europe à étudier des
mesures appropriées pour s’assurer que d’autres développements
technologiques (dans des domaines tels que l’environnement et les
biotechnologies appliquées à des produits destinés à la consommation
humaine) respectent la qualité de vie et les exigences des droits de l’homme ;
à protéger la confidentialité des communications privées, y compris celles
effectuées sur Internet ; à poursuivre ses travaux visant à contrecarrer
des activités qui menacent les droits de l’homme sur Internet (telles que,
notamment, des activités liées à la pédopornographie, à la traite des
femmes, au racisme et aux mouvements extrémistes).
43. Dans
un autre ordre d'idées, la Conférence a appuyé les travaux importants
menés par le Conseil de l'Europe visant à sauvegarder et à promouvoir la
liberté d'expression et d'information dans les Etats membres et à travers les
frontières. En effet, cette liberté, telle que garantie par l’article 10 de
la Convention et la jurisprudence de la Cour y afférente, a
une importance fondamentale au regard des objectifs de démocratie
pluraliste et de protection des droits de l'homme qui sont au cœur de l'action
du Conseil de l'Europe. Cette action est d'autant plus nécessaire dans les
situations de crise ou de conflit, pendant lesquelles la liberté d'expression
et la liberté des médias sont souvent parmi les premières mises en cause.
44. Enfin,
les caractéristiques d'une administration ouverte et transparente - et donc
responsable publiquement - et d'un droit général d'accès du public aux
informations officielles ont été évoquées, en tant qu'exigences posées par
une société démocratique pluraliste et par le principe de la bonne
gouvernance. Dans ce contexte, la Conférence a salué les travaux
d’élaboration, au sein du Conseil de l’Europe, d'un certain nombre
de principes qui pourraient constituer un socle minimum en matière d’accès
aux informations officielles, en tenant compte du nouvel environnement créé
par la technologie de l’information et de la communication. En mars 2001, le
Groupe de spécialistes institué par le CDDH dans ce but a poursuivi ces
travaux sous la forme d'un projet de recommandation du Comité des Ministres
assorti d'un exposé des motifs.
Septembre 2001
* * *
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© 2001 Alfonso de Salas. Tous droits réservés. DE SALAS A. - "Suivi de la Conférence
ministérielle européenne sur les droits de l'homme (Rome, 3-4 novembre 2000)". – Actualité et Droit International,
septembre 2001 (www.ridi.org/adi).
NOTES
Chef de la Division de la coopération intergouvernementale des droits de
l'homme, Direction Générale II – Droits de l’Homme, Conseil de l’Europe,
Strasbourg. Les opinions exprimées dans le présent article n’engagent que
l’auteur.
Quarante-trois Etats composent le Conseil de l'Europe en date du 1er juillet
2001: Albanie, Andorre, Arménie, Azerbaïdjan, Autriche, Belgique, Bulgarie,
Croatie, Chypre, République Tchèque, Danemark, Estonie, Finlande, France, Géorgie,
Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Italie, Lettonie, Liechtenstein,
Lituanie, Luxembourg, Malte, Moldova, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal,
Roumanie, Fédération de Russie, Saint-Marin, Slovaquie, Slovénie, Espagne,
Suède, Suisse, "ex-République yougoslave de Macédoine", Turquie,
Ukraine et Royaume-Uni. Au moment de la Conférence, l'Arménie et l'Azerbaïdjan
ne faisaient pas encore partie de l'Organisation, mais ont envoyé une Délégation.
D'autres Etats non membres, certains ayant le statut d'observateur auprès du
Conseil de l'Europe, ont envoyé également des Délégations à la Conférence
(Saint-Siège, Etats-Unis d'Amérique, Canada, Japon, Mexique, Bosnie et Herzégovine,
Monaco, République fédérale de Yougoslavie).
A cet égard, le Comité d'experts pour l'amélioration des procédures de
protection des droits de l'homme (DH-PR) a entamé des travaux visant à aider
les Etats membres à améliorer la mise en œuvre de la Convention dans leur
droit et leur pratique internes.
Le Conseil de l'Europe contribue à cette diffusion grâce à sa base de données
HUDOC (http://hudoc.echr.coe.int/hudoc/),
ainsi que par son soutien, y compris financier, à la traduction d’arrêts
clés dans certains pays.
Il est à souligner le rôle crucial joué par l’informatisation dans la
gestion du travail de la Cour (gestion des affaires et diffusion de la
jurisprudence). Par ailleurs, diverses mesures ont été prises pour
rationaliser le traitement des dossiers au stade des dossiers provisoires,
ainsi que durant la phase post-enregistrement ; par exemple, le
traitement différencié pour différentes catégories d'affaires, en
particulier, le rejet des demandes irrecevables par un Comité sauf s’il y a
une raison particulière de les transmettre à une Chambre.
Cela apporte une réponse aux questions concernant notamment la philosophie du
rôle de la Cour : justice constitutionnelle ou justice individuelle.
En 2000, il a adopté trois résolutions de ce type.
Résolution intérimaire DH (2000) 135 - "
Durée excessive des procédures
judiciaires en Italie : mesures de caractère général".
Recommandation N° R (2000) 2 du Comité des Ministres aux Etats membres sur
le réexamen ou la réouverture de certaines affaires au niveau national suite
à des arrêts de la Cour européenne des Droits de l'Homme, adoptée le 19
janvier 2000.
A ce sujet, la Conférence a demandé aux Etats membres une coopération
renforcée au sein du Conseil de l'Europe dans trois directions principales :
promouvoir la participation accrue des femmes dans la prise des décisions et
la représentation équilibrée des femmes et des hommes dans tous les
secteurs de la société ; combattre toute forme de violence à l’égard
des femmes et en particulier la traite des femmes et des jeunes filles ;
envisager de nouvelles initiatives pour éliminer les inégalités entre les
femmes et les hommes.
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