La révélation brutale de la vulnérabilité des
États-Unis a conduit le Gouvernement américain à réorienter l'ensemble de sa
stratégie vers une radicalisation de la politique de sécurité nationale. La
redéfinition de la politique de sécurité a induit de nombreux changements, une
réorganisation administrative substantielle, un repositionnement des objectifs
de sécurité et une redéfinition implicite des libertés fondamentales. Ces
bouleversements ont contribué à la présidentialisation du régime américain,
marquée par l'affaiblissement des pouvoirs du Congrès et par l'hypertrophie des
prérogatives du Chef de l'État. Sur le plan international, la conduite d'une
politique étrangère unilatérale et offensive a participé à l'affirmation de
l'hégémonie des États-Unis face à une communauté internationale divisée.
L'exécutif concentre désormais l'essentiel des pouvoirs en matière de sécurité
nationale, au risque de porter atteinte aux mécanismes de checks and balances
propres au système présidentiel américain et aux valeurs libérales
traditionnelles.
(Présentation fournie par la Chaire
Raoul-Dandurand)
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Note de
lecture rédigée par Roland Adjovi en janvier 2004 (disponible
au format PDF)
Le 11 septembre 2001 aura marqué
la politique américaine, tout comme la politique internationale. Sabine Lavorel
vient le rappeler dans cet ouvrage, en optant pour une étude de l’évolution de
la politique de sécurité sous la présidence de George W. Bush. Dans cette
optique, l’auteur commence d’abord à définir cette politique avant de démontrer
comment, en constituant le centre du débat politique national, elle influence la
politique extérieure pour renforcer la position du président des Etats-Unis sur
le plan constitutionnel.
La politique de sécurité
américaine a pour objectif permanent de préserver la sécurité intérieure et
extérieure de la puissance américaine. Cette politique, fondée sur une
conception réaliste des relations internationales, connaît une évolution
importante avec la fin de la guerre froide et se radicalise avec le 11 septembre
2001, qui donne l’opportunité aux Etats-Unis de développer un régime plus
présidentialiste que jamais et d’asseoir leur hégémonie sur le plan
international.
En effet, la théorie
constitutionnelle américaine veut que le régime, même s’il est présidentiel,
soit équilibré grâce à la balance des pouvoirs : elle évite qu’aucun des trois
pouvoirs – exécutif, législatif ou judiciaire – ne prenne le pas sur les autres.
Avec le 11 septembre 2001, l’impératif catégorique de sécurité nationale donne
un poids considérable au Président. Les moyens juridiques mis à sa disposition
pour assurer cette sécurité en font incontestablement le pouvoir fort, tous les
autres s’efforçant de l’assister dans cette mission nationale, avec le déclin du
pouvoir congressionnel et l’absence de véritable contrôle du pouvoir
judiciaire.
Ce renforcement de son
positionnement sur le plan national affecte positivement la place des Etats-Unis
sur le plan international. La publication de la National Security Strategy of
the United States confirme cette évolution vers une politique extérieure
américaine de plus en plus unilatéraliste. Le Conseil de sécurité nationale (National
Security Council), organe de la présidence chargé de développer la politique
de sécurité américaine, y développe la doctrine de la guerre préventive.
Désormais les Etats-Unis recourront à la force, même à titre préventif
- c’est-à-dire en l’absence d’agression - pour préserver leur sécurité. Cette
doctrine de guerre préventive n’est rien d’autre qu’une reformulation de la
théorie de la légitime défense préventive déjà contestée par la jurisprudence
internationale (cf. CIJ, Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua
et contre celui-ci (1986), Licéité de l’emploi ou du recours à l’arme
nucléaire (1996), et Plates-formes pétrolières (2003). Les
illustrations de cette logique sont pléthoriques : il suffit de rappeler
l’Afghanistan et aujourd’hui l’Irak.
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Introduction
Première partie - La politique de sécurité nationale de George W. Bush,
facteur de représidentialisation du régime américain
1. Le renforcement de l'administration présidentielle
2. L'affirmation des pouvoirs présidentiels
Deuxième partie - La politique de sécurité nationale de George W. Bush,
vecteur de reconsolidation de l'hégémonie américaine
1. L'adoption d'une politique réaliste
2. La formulation d'une politique unilatérale
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