Note de lecture rédigée par Matthieu Monin en
janvier 2004 (disponible au format PDF).
Cet ouvrage rend compte d’une
conférence qui se tînt à Tokyo en 2002 sous l’égide de l’UNITAR, et dont l’objet
était de réunir plusieurs hauts responsables de terrain afin de tirer les
conclusions de l’opération des Nations Unies au Timor Oriental (ATNUTO). Les
actes d’une conférence du même type concernant le Cambodge ont déjà été publiés
(The United Nations Transitional Authority in Cambodia (UNTAC).
Debriefing and lessons,
Kluwer Law International, 1995).
Pas moins de 27 contributions
sont réunies au sein de cet ouvrage, regroupées en différents thèmes qui
recoupent les mille aspects d’une opération de paix « multifonctionnelle ».
Ainsi, depuis la rédaction de la résolution donnant mandat à l’ONU jusqu’à la
transition avec la mission suivante, tous les aspects sont abordés par les
participants. Une telle accumulation de courtes interventions pourrait lasser
son lecteur, mais ce danger est ici écarté par la qualité des intervenants.
Ainsi, sur chacun des thèmes
abordés, ce sont les spécialistes chargés de mener la mission qui racontent leur
expérience et leur vue du déroulement des évènements, dans l’ambition de donner
des recommandations pour les missions futures. Le point de vue est donc celui du
terrain, et que le lecteur ne cherche pas dans ces pages de grands
développements théoriques sur les Nations Unies et leur droit, tel n’est pas
l’objet de ce recueil. Les racines historiques et le contexte de l’intervention
ne font pas non plus l’objet de développements spécifiques. En revanche, le
lecteur à la recherche de la fameuse « pratique » de l’Organisation trouvera
dans ces pages une mine de renseignements factuels sur les problèmes concrets
auxquels sont confrontés les fonctionnaires de l’ONU sur le terrain. C’est donc
au spécialiste et au chercheur que s’adresse prioritairement cet ouvrage.
On notera, parmi d’autres,
l’intervention du regretté Sergio Vieira de Mello, alors Représentant Spécial du
Secrétaire Général pour l’ATNUTO, qui fournit un point de vue unique sur les
leçons à retenir de l’ATNUTO, tout à la fois grave et plein d’humour. C’est
certainement une des originalités de cet ouvrage que de permettre au chercheur
de lire les acteurs directement impliqués dans ces opérations se départir des
précautions verbales et des formules d’usage auxquelles leur position oblige
souvent à recourir. Ainsi on apprendra les erreurs de planification du
département des opérations de maintien de la paix, telles que vues par le
Représentant Spécial, mais aussi telles qu’expliquées par un responsable de ce
même département des opération de maintien de la paix ; ou bien les problèmes
considérables engendrés par le recrutement d’un personnel qui n’avait pas les
qualités requises pour la tâche, etc.
En plus de fournir au chercheur
travaillant sur le maintien de la paix une mine d’informations qu’il serait
autrement difficile de dénicher, cet ouvrage ouvre aussi une fenêtre sur le
fonctionnement de l’ONU dans ses difficultés quotidiennes, loin des salles de
presse de l’East Side, avec une remarquable sincérité. A cet égard ce
recueil constituerait un contrepoint utile à un éventuel « livre bleu » sur l’UNTAET.
A une époque où il est de
bon ton de dire tout et n’importe quoi sur l’ONU et son bilan en matière de
maintien de la paix et d’administration de territoires, cet ouvrage vient à
point pour rappeler la vérité du fonctionnement de l’ONU, perpétuellement
écartelée entre les missions fondamentales que lui attribuent les Etats, et la
pauvreté des moyens mis à sa disposition
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