Cartuyvels, Yves, Le droit pénal et l'Etat: des
frontières "naturelles" en question, pp. 3-28
Garibian, Sévane, Souveraineté et légalité en
droit pénal international : le concept de crime contre l'humanité dans le
discours des juges de Nuremberg, pp. 29-48
II. La mise en place du droit pénal international
Sur, Serge, Le droit international pénal entre
l'Etat et la société internationale, pp. 49-68
(NB :
Une version de cette contribution, aimablement communiquée à l'époque par les
organisateurs du colloque, est en ligne sur cette revue.
Cliquez ici pour y accéder).
Henzelin, Marc, Droit international pénal et
droits pénaux étatiques. Le choc des cultures, pp. 69-118
Sassòli, Marco, Droit international pénal et droit
pénal interne : le cas des territoires se trouvant sous administration
internationale, pp. 119-150
Massé, Michel, L'utopie en marche, pp. 151-164
III. Les principes pénaux en droit pénal
international
Schabas, William, Droit pénal international des
droits de l'homme : faux frères ?, pp. 165-182
Mettraux, Guenaël, Using Human Rights Law for the
Purpose of Defining International Criminal Offences. The Practice of the
International Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia, pp. 183-216
Sunga, Lyal, Full Respect for the Rights of
Suspect, Accused and Convict: from Nuremberg and Tokyo to the ICC, pp. 217-240
Clapham, Andrew, On Complicity, pp. 241-276
Vandermeersch, Damien, Compétence universelle et
immunités en droit international humanitaire. La situation belge, pp. 277-304
IV. Punir les criminels internationaux
Ambos, Kai, On the Rationale of Punishment at the
Domestic and International Level, pp. 305-324
Poncela, Pierrette, Mesure et motivation de la
peine dans les jugements du TPIY, pp. 325-336
Robert, Christian-Nils, La criminalisation du
monde, pp. 337-346
Roth, Robert, Synthèse des débats et perspectives,
pp. 347-355
Après la
publication de sa thèse, Marc Henzelin s’est associé au professeur Robert Roth
pour organiser dans leur faculté de droit de l’Université de Genève les 16 et 17
mars 2001 un colloque sur le droit pénal à l’épreuve de
l’internationalisation. Ce sont les actes de ce colloque qui sont publiés
dans cet ouvrage, avec en sus deux textes qui n’avaient pas fait l’objet de
présentation lors des deux jours d’échange.
Ce titre a permis un dialogue subtil entre pénalistes et internationalistes, et
tend à consacrer la naissance - ou tout au moins l’évolution - vers un droit
commun à la fois pénal et international. Il nous souvient que Marc Henzelin
avait déjà fait une distinction claire entre droit international pénal et droit
pénal international. Cette nouvelle parution semble mettre fin, si on y adhère,
à la subtilité linguistique francophone. Ainsi, les contributions s’organisent
autour de l’émergence du droit pénal international, de sa mise en place, de ses
principes pénaux et de la sanction de ceux qui sont reconnus coupables de sa
violation.
Dans la
première partie, Yves Cartuyvels et Sévane Garibian retracent successivement
l’histoire de la naissance du droit pénal dans l’État et les implications de la
souveraineté sur l’existence d’un droit pénal international, analyse critique
axée sur l’interprétation du concept de crime contre l’humanité par les Juges de
Nuremberg.
Dans la seconde partie,
Serge Sur - dont la contribution avait déjà été publiée dans cette revue en
octobre 2001 (cliquez
ici pour y accéder) - ouvre le débat avec
une analyse comparative sur les Tribunaux pénaux internationaux (TPI) et la Cour
pénale internationale (CPI), manifestant sa préférence pour les premiers en
raison de leur force d’effectivité et reprochant à la seconde son idéal d’une
justice qui manque de réalisme politique. Marc Henzelin s’intéresse, pour sa
part, au rapport entre droit pénal et droit international pénal. En s’attachant
à des cas particuliers - notamment l’affaire Hissène Habré devant la justice
sénégalaise -, il met en exergue la logique de pénaliste, comme il l’a
d’ailleurs annoncé lui-même, face au droit international pénal et détermine les
conditions auxquelles cette branche du droit international sera plus facilement
applicable pour les pénalistes internistes. Marco Sassoli et Michel Massé
closent cette partie, le premier en procédant à une étude détaillée de la
reconstruction d’un système pénal dans les territoires sous administration
internationale (Kosovo et Timor Oriental), le second en assurant une synthèse à
mi-parcours des débats. La contribution du professeur Marco Sassoli, plus
particulièrement, revient sur les rapports entre droit international pénal et
droit pénal interne, dans la mesure où l’administration reconstruit le système
pénal interne dans un contexte ayant connu des violations relevant du droit
international pénal, de sorte que la relation entre les deux matières n’est pas
du même ordre que celle disséquée par Marc Henzelin.
La troisième
partie apporte des réponses multiples - cinq contributions - à une question
soulevée à moult reprises dans les communications, à savoir l’existence de
principes pénaux en droit international pénal. William Schabas apprécie les
rapports entre droit pénal international et droits de l’homme, en démontrant la
régulation du procès pénal international par des principes tirés du droit
international des droits de l’homme. Il aborde ainsi la question du procès
équitable, tout comme Lyal Sunga qui y revient aussi longuement en appréciant la
pratique des juridictions pénales internationales depuis Nuremberg jusqu’à la
Convention de Rome. Guénaël Mettraux s’intéresse à un autre aspect de ce rapport
entre les deux branches de droit, qui est l’utilisation des droits de l’homme
dans la définition des crimes dont les juridictions pénales internationales ont
à connaître, notamment le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).
Il est ainsi question, entre autres, de la prohibition de la torture et des
traitements cruels, inhumains et dégradants, tels que perçus dans la
jurisprudence du TPIY. Puis, Andrew Clapham s’interroge sur la qualification de
complice pour montrer comment la notion apparaît sur le plan international et
pour démêler la responsabilité du complice et celle de l’auteur principal. Il va
bien au delà de la responsabilité individuelle puisqu’il se penche aussi sur les
travaux de la Commission du droit international pour appréhender la
responsabilité étatique pour complicité inscrite à l’article 16 du projet
d’articles adopté à la session d’août 2001. Damien Vandermeersch s’attache, pour
clore cette partie - et sans surprise -, à la question de la compétence
universelle. Naturellement, il développe une pratique belge dont il est un
acteur reconnu, et qui a été partiellement remise en cause depuis l’arrêt de la
Cour internationale de Justice du 14 février 2002 dans l'affaire du Mandat
d'arrêt du 11 avril 2000 (affaire "Yerodia").
Dans la
quatrième et dernière partie, trois contributeurs – Kai Ambos, Pierrette Poncela
et Christian-Nils Robert – s’attardent sur la peine en recherchant
successivement les fonctions de la répression pénale, la motivation de la peine
s’agissant de la pratique des juges de La Haye (TPIY) pour déterminer les
« instruments de mesure » d’une « juste peine », et la logique de
« criminalisation du monde » pour en offrir une critique technicienne. Puis,
Robert Roth clôt les débats en procédant à une synthèse des travaux, articulée
d’une part sur l’internationalisation du droit pénal qui ne débouche pas sur
l’existence d’un droit pénal commun mais bien, sur deux ordres juridiques, et
d’autre part sur les droits de l’homme.
La richesse de ce colloque transparaît à merveille dans une lecture bilingue de
cette réflexion commune et diversifiée. Mais on peut se demander si, au final,
une analyse de sociologie juridique n’aurait pas conduit à un résultat tout
différent. Cette analyse consisterait à appréhender au-delà des textes,
conventionnels ou jurisprudentiels, du droit international pénal, les sources
dont s’inspirent les juges qui sont les interprètes du droit conventionnel en
l’espèce. Car chacun d’eux a une culture juridique propre, tout comme leurs
assistants ; et cette culture est rarement une culture juridique internationale,
de sorte qu’il est bien possible de dégager au terme d’une telle étude
l’existence d’un droit pénal commun qui serait une synthèse subjective, parce
que fonction des acteurs des juridictions pénales internationales, des droits
pénaux nationaux dont ils ont connaissance. Tel pourrait être l’objet d’un autre
débat, en attendant d’avoir tout compris à celui-ci !