Canadian Institute for the
Administration of Justice / Institut Canadien d'Administration de la Justice Terrorism, Law & Democracy. How is Canada changing following September
11? Terrorisme, Droit & Démocratie. Comment le Canada a-t-il changé après le
11 septembre ?
Montréal, Les Editions Thémis,
2002, xiii + 412 p.
Actes du colloque « Terrorisme,
Droit et Démocratie » qui s'est tenu à Montréal les 25 et 26 mars 2002. Ce
colloque propose une analyse rigoureuse et nuancée des enjeux soulevés par les
événements du 11 septembre et, dans la foulée des plus récents choix politiques
et législatifs du Canada, il convie à une réflexion sur la nécessité de
maintenir un sain équilibre entre la protection de la sécurité publique et celle
des droits fondamentaux.
Le 11 Septembre semble avoir profondément modifié les règles de
nos sociétés. C’est en tout cas l’impression qui ressort de la lecture des
différentes contributions au colloque organisé par l’Institut Canadien
d’Administration de la Justice. L’intitulé de la rencontre est assez expressif à
cet égard et constitue, à lui seul, tout un programme : « Terrorisme, droit et
démocratie. Comment le Canada a-t-il changé après le 11 septembre ? ». Cette
alliance des trois thèmes indique fort bien qu’il s’agit pour les organisateurs
de cerner l’influence de la nouvelle politique sécuritaire canadienne - qui fait
suite aux attentats contre la puissance américaine - sur les libertés
fondamentales. La trentaine de contributions offertes par les intervenants
tendent d’une part à faire le point sur les modifications apportées au droit
canadien essentiellement pour répondre à la menace terroriste - mais aussi aux
actes terroristes y compris les nombreuses complicités dont bénéficient les
réseaux terroristes -, et d’autre part de porter un regard critique sur ce
développement normatif dans l’esprit même de la démocratie.
Le premier ensemble de
contributions apporte un éclairage sur les nouvelles dispositions en matière de
sécurité au Canada, l’accent étant mis sur la Loi Antiterroriste de 2001. Cette
loi comble une lacune juridique relative, puisque nombre d’actes terroristes
dans le code criminel antérieur n’étaient pas réprimés au titre de leur
caractère terroriste mais comme des crimes ou délits classiques, alors même que
cette dimension spéciale devrait constituer une circonstance aggravante. Tel est
désormais le cas. La nouvelle législation permet de constituer une base
juridique pour la répression d’un phénomène ancien mais modernisé et adapté au
XXIe siècle avec son village planétaire. Relèvent de cet ensemble les
contributions des officiels - qu’ils soient juristes ou spécialistes de la
sécurité publique. Vient compléter cette présentation du nouveau cadre juridique
et technique, une série d’analyses autour des innovations de l’évolution
normative, avec notamment les nouvelles incriminations liées au terrorisme comme
le financement dont bénéficient les terroristes. On aurait dit une transcription
nationale des mesures prises dans les enceintes multilatérales pour assurer la
coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme conformément aux
normes édictées par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Le second ensemble de
communications complète d’abord la présentation des dispositions de la nouvelle
législation, puis en offre une critique assez développée. Sont ainsi mises en
exergue les multiples conséquences négatives de la loi antiterroriste de 2001
sur les libertés fondamentales. A cet égard il faut souligner, au delà des
mesures de surveillance continue des personnes qu’ils soient dans des lieux
publics ou privés – les communications téléphoniques relevant plutôt de ces
derniers –, que le droit à un procès équitable présente une pertinence toute
spéciale. Car la loi donne une définition alternative des organisations
terroristes : soit il s’agit d’une organisation qui mène des activités
terroristes selon les termes de la loi, soit il s’agit d’une organisation
inscrite sur une liste établie par l’administration. En clair, une mesure
administrative – la liste des organisations terroristes – porte des conséquences
pénales. Quid alors du droit à un procès équitable ? On peut s’étonner que le
législateur canadien n’ait pas tenu compte des limites de l’expérience
américaine, une telle disposition législative ayant déjà été mise en œuvre aux
Etats-Unis. Malgré les amodiations apportées par son application dans le temps
et le contrôle judiciaire instauré, il ne semble pas qu’il en ait résulté une
meilleure conformité au droit à un procès équitable.
Deux autres catégories de
contributions doivent être signalées en raison de leur objet spécifique. La
première retrace l’histoire du terrorisme au Canada et, notamment, la façon dont
le droit a été mis à contribution pour en assurer une répression effective.
L’autre porte sur l’expérience française de lutte contre le terrorisme
principalement algérien durant les années 1990 et faisant suite à la suspension
du processus électoral en Algérie. Elles permettent ainsi de projeter un regard
dans le passé pour mieux apprécier la critique de la politique juridique
antiterroriste actuelle, et de comparer avec ce qui s’est fait ailleurs sans une
atteinte aussi profonde aux droits de la personne.
La difficulté qui constitue
le fil d’Ariane de ces analyses demeure cependant, qui est de déterminer les
limitations d’opportunité qu’il faille apporter aux libertés fondamentales pour
mettre en échec toute tentative de violence contre les personnes. Et cette
question, politique, appelle une réponse tout aussi politique. Toutefois, sur le
plan juridique, une réponse de normand pourrait être apportée : trouver le juste
milieu, c’est-à-dire adopter les mesures qui portent le moins atteinte aux
droits de la personne tout en restant efficaces. Et quelles sont-elles ?
Quelques liens :
Fiche d’information sur les
mesures adoptées par le Canada afin de contrer le terrorisme depuis le 11
septembre :
International Terrorism Dimensions of a Security Challenge, Martin RUDNER - 5-13
Canadian
Terrorists, Stewart BELL - 15-22
Allocution de Ward P. D. ELCOCK - 23-29
Address,
Ward P. D. ELCOCK - 31-37
Before
September 11 - Some History Lessons, Reg WHITAKER - 39-53
Canada's
Responses to Past Serious Threats, Desmond P. MORTON - 55-66
Terrorisme, Law & Democracy, Gwynne DYER - 67-78
Civil
Liberties and the US Government Response to September 11, Kate MARTIN - 79-94
La
bataille contre la violence islamiste en Europe: originalité de l'expérience
française, Roger FALIGOT - 95-112
The New
Terrorism Offences in Canadian Criminal Law, Kent ROACH - 113-144
Preventing Terrorism Bill C-36: The Anti-terrorism Act 2001, Richard G. MOSLEY -
145-172
The Anti-terrorism
Bill (Bill C-36): An Unnecessary Law and Order Quick Fix that Permanently Stains
the Canadian Criminal Justice System, Don STUART - 173-191
L'impact
du 11 septembre sur les communautés ethno-culturelles du Canada, Emerson DOUYON
- 193-197
Does Bill
C-36 Give Police too Many Powers? Susan ENG - 199-200
Le Centre
de sécurité des télécommunications et les libertés civiles, Jean-Paul BRODEUR -
201-210
Does Bill
C-36 Give Police too Many Powers? Paul D. COPELAND - 211-217
Does Bill
C-36 Give Police too Many Powers? Gwen BONIFACE - 219-223