Lors de la tenue des trois
procès de Klaus Barbie en 1987, de Paul Touvier en 1994 et de Maurice Papon en
1997-1998, la justice a été confrontée à la difficulté inédite de juger des
crimes perpétrés dans le passé. Le juge a dû faire face à une nouvelle
difficulté : essayer de comprendre des faits, leur signification, leur portée,
au moment où ils furent commis, il y a 40 ou 50 ans. Pour assumer cette
nécessité absolue d’inscrire le comportement de l’accusé dans le contexte
politique et psychologique de son époque, le juge s’est tourné vers l’historien
pour que ce dernier assume ce travail de recherche historique pour lequel un
juge n’est pas formé et pour qu’il apporte ainsi son savoir à l’œuvre de
justice.
Mais des différences de
nature séparent les démarches de l’historien de celles du juge. La vérité
historique et la vérité judiciaire se rejoignent-elles ? La question fait ici
débat parmi les historiens, les magistrats, les avocats, les journalistes...
Denis Salas est maître de
conférences à l’École nationale de la magistrature
Jean-Paul Jean est substitut
général, Cour d’appel de Paris, directeur de la Mission de recherche « Droit et
Justice ».
Les auteurs :
Robert Badinter (avocat, ancien ministre et président du Conseil
Constitutionnel), Bertrand Poirot-Delpech (de l’Académie française), Michel
Zaoui (avocat à la Cour d’appel de Paris), Henry Rousso (directeur de l’Institut
d’histoire du temps présent), Jean-Noël Jeanneney (professeur à l’Institut
d’études politiques de Paris, ancien ministre), Ingo Muller (professeur à
l’École supérieure de police de Hambourg), Hans Boettcher (président du
Landgerricht de Lubeck), Raphaëlle Branche (historienne), Pierre Truche
(président de l’Association française pour l’histoire de la justice, ancien
Premier Président de la Cour de cassation).