Dans
sa résolution 1329, adopté le 30 novembre 2000, le Conseil de sécurité
agit en vertu du Chapitre VII de la Charte pour modifier les statuts des
tribunaux ad hoc pour
l'ex-Yougoslavie et le Rwanda. Il s'agit en particulier de "créer
un groupe de juges ad litem au
Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et d’augmenter
le nombre des juges siégeant dans les Chambres d’appel des deux
Tribunaux pénaux internationaux". Ce faisant, le Conseil a adopté
des réformes structurelles prônées par les Présidents des deux TPI
"pour permettre à ceux-ci de terminer leurs travaux le plus tôt
possible".
L’objectif
affiché du Conseil de sécurité est de parvenir rapidement au terme de
l’activité des tribunaux, qui sont par nature temporaires, même si
le Conseil demeure convaincu que le travail des Tribunaux continue
actuellement de contribuer au rétablissement de la paix.
D'une
part, la compétence ratione temporis du TPIY reste, actuellement, indéfinie, comme le
précise l’article premier de son statut : "...juger les
personnes présumées responsables de violations graves du droit
international humanitaire sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis
1991..". Le conseil de sécurité, par cette même résolution,
charge le Secrétaire général de lui fournir au plus tôt une
proposition pour mettre un terme à la compétence ratione temporis du TPY Yougoslavie (point 6 de la résolution).
D'autre
part, après un lent démarrage, les TPI sont actuellement
"victimes de leur succès". Ils doivent désormais faire face
à un rôle chargé en première instance, augmenté du nombre important
d’appels formés devant la chambre d’appel. Par conséquent, la résolution
décide la création d’un pool de 27 juges ad
litem susceptibles de siéger avec les juges permanents. Ce qui
permet de diviser chaque chambre de première instance en plusieurs
sections de trois juges (permanents et ad litem), décuplant ainsi leur
force de travail. Les juges ad
litem sont élus pour quatre ans par l’Assemblée Générale selon
la même procédure que les juges permanents et doivent présenter les mêmes
qualifications. Ils seront ensuite nommés par le Secrétaire Général
sur demande du président du Tribunal pour servir l’une des chambres
de première instance pour un ou plusieurs procès pendant une période
maximale cumulée inférieure à trois ans.
La
chambre d’appel est de son côté renforcée par l’arrivée de deux
juges permanents supplémentaires, ce qui porte à sept son effectif.
Ces deux juges seront désormais désignés par le président du
Tribunal pour le Rwanda parmi les juges du TPIR, dont l'effectif est
augmenté en conséquence. Ceci encouragera également l’unification
de la jurisprudence des deux tribunaux. L’ensemble de ces mesures doit
désormais être validé par l’Assemblée générale, maître du
budget.
Enfin,
le Conseil de sécurité prend acte de "la position exprimée par
les Tribunaux pénaux internationaux selon laquelle ce sont les
dirigeants civils, militaires et paramilitaires, et non les simples exécutants,
qui devraient être traduits devant eux". Ainsi, la place même des
tribunaux internationaux dans la répression des crimes internationaux
semble se définir en fonction des moyens mis à leur disposition.
David
Boyle
18
décembre 2000
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