Filière
porcine
Après
le rapport de la Commission européenne fustigeant
les carences sanitaires de la filière porcine française :
défaut d’examen vétérinaire avant l’abattage et manque d’hygiène
dans le traitement des animaux abattus (Le
Monde 30/12/00), c’est au tour des élevages autrichien et
bavarois de faire parler d’eux.
A
la suite d’une enquête policière diligentée en Bavière et en
Autriche avec l’appui d’Interpol, sont mises à jour des pratiques
tout aussi illégales que dangereuses pour la santé du consommateur. Il
apparaît qu’afin de réduire leurs coûts de production, de nombreux
éleveurs autrichiens et, dans une moindre mesure bavarois, utilisent
antibiotiques et sulfamides (pouvant occasionner des allergies ou des résistances
aux traitements médicaux ultérieurs) ainsi que des oestrogènes
(pouvant induire des cancers et des malformations fœtales).
Deux
vétérinaires bavarois avaient installé une filière
d’approvisionnement de ces produits qui, pour échapper aux contrôles,
étaient livrés dans des conditions parfois rocambolesques (parkings
d’autoroutes notamment).
La
Suisse décrète immédiatement un embargo sur la viande de porc
autrichienne.
(Le
Monde 25/01/01)
Encéphalopathie
spongiforme bovine
On
trouvera dans Le
Monde du 16/01/01 un rappel des principales dates de l’épidémie
depuis 1988.
Les
mesures adoptées
Le
29 novembre 2000, la Commission européenne présente un plan de lutte
contre l’ESB :interdiction totale des farines animales pour une
durée initiale de six mois ; dépistage systématique des bovins
de plus de trente mois destinés à entrer dans la chaîne alimentaire,
ceux qui n’y sont pas soumis devant être éliminés (Le
Monde 1er et 5/12/00).
Le
4 décembre 2000, les ministres de l’Agriculture des Quinze approuvent
ce plan et fixent la date de sa mise en œuvre complète au 1er
juillet 2001 (Le Monde 6/12/00).
Ces
mesures semblent justifiées dans la mesure où personne n’est épargné :
des Etats qui s’estimaient jusqu’ici indemnes de contamination
voient successivement leurs certitudes s’effondrer.
Un
premier cas d’ESB est ainsi découvert en Allemagne le 24 novembre
2000, véritable secousse sismique dans un pays où la technique spécifique
utilisée de chauffage des farines à 133 ° était considérée comme
un gage tel de sécurité que les éléments à risque n’en étaient
pas écartés. L’affaire entraîne la démission des ministres fédéraux
de la Santé et de l’Agriculture (Le
Monde 11 et 31/01/01).
L’application progressive des programmes de dépistage amène
par ailleurs à la constatation que l’Espagne, l’Autriche et l’Italie
sont également touchées (Le
Monde 16/01/01).
En
France, où le dépistage systématique est rendu obligatoire depuis le
1er janvier 2001 (Le
Monde 23/12/00 et 3/01/01), un
premier animal est détecté en phase d’incubation (Le
Monde 23/01/01).
L’Afssa
réaffirme cependant ses conclusions de novembre 2000 et souligne que le
dépistage ne doit pas conduire à un relâchement du principe de précaution,
en particulier vis à vis de l’élimination des tissus à risque car
les tests ne permettent de dépister « que les animaux présentant
des niveaux détectables [c’est
nous qui soulignons] de l’agent pathogène » (Le
Monde 4/01/01).
Allant
dans ce sens, les experts du comité scientifique directeur de la
Commission européenne estiment dans un avis à cette dernière du 12
janvier 2001 que les viandes bovines au contact de tissus cérébraux ne
devraient plus être commercialisées (Le Monde 17/01/01).
Leur
mise en oeuvre
Trois
séries de difficultés viennent compliquer l’application de
l’interdiction des farines animales et celle du programme de dépistage :
-
les difficultés techniques et de logistique dans les Etats membres de
l’U.E. : encore que différentes dans chacun des Etats, les
capacités réelles de dépistage ne sont pas encore adaptées au très
grand nombre de tests nécessaire au respect des exigences européennes,
même d’ici le 1er juillet 2001. Des laboratoires doivent
encore être agréés d’ici là (Le
Monde 6 et 9/01/01).
-
l’existence de fraudes : tant la complexité, voire l’opacité,
de la composition des aliments destinés au cheptel que des discordances
notées dans les statistiques douanières européennes font naître de
forts soupçons de trafics illicites de farines ; soupçons déjà
vérifiés par la découverte d’un réseau franco-italien (Le
Monde 16 et 26/01/01).
-
les surcoûts engendrés par l’opération : coût des tests
effectués à l’abattage (350 F. par unité, dont 100 francs seraient
pris en charge par l’U.E., le reste pesant sur la filière
post-abattage, c’est à dire en définitive sur le consommateur) (Le
Monde 6, 9 et 18/01/01) ; nécessité plus que vraisemblable
d’achats publics d’intervention si le cours de la viande descend
au-dessous d’un certain seuil et possible réduction des aides
aux éleveurs (Le Monde 25,
28-29 et 31/01/01).
En
amont, c’est donc toute la politique agricole commune qui va devoir être
repensée, tant financièrement que qualitativement. En aval, ce sont
des mesures de soutien et d’indemnisation aux malades et/ou à leurs
familles qui devront être mises sur pied (les familles des deux premières
victimes françaises de la forme humaine de l’ESB ont ainsi déposé
une plainte qui vise les autorités françaises, britanniques et européennes
(Le Monde 19/01/01).
Affaire
à suivre…
Michèle
Poulain
14
février 2001
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