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Sécurité alimentaire :

Filière porcine - Encéphalopathie spongiforme bovine

 

par Michèle Poulain (14 février 2001)

 

Filière porcine

 

 

Après le rapport de la Commission européenne fustigeant  les carences sanitaires de la filière porcine française : défaut d’examen vétérinaire avant l’abattage et manque d’hygiène dans le traitement des animaux abattus (Le Monde 30/12/00), c’est au tour des élevages autrichien et bavarois de faire parler d’eux.

 

A la suite d’une enquête policière diligentée en Bavière et en Autriche avec l’appui d’Interpol, sont mises à jour des pratiques tout aussi illégales que dangereuses pour la santé du consommateur. Il apparaît qu’afin de réduire leurs coûts de production, de nombreux éleveurs autrichiens et, dans une moindre mesure bavarois, utilisent antibiotiques et sulfamides (pouvant occasionner des allergies ou des résistances aux traitements médicaux ultérieurs) ainsi que des oestrogènes (pouvant induire des cancers et des malformations fœtales).

 

Deux vétérinaires bavarois avaient installé une filière d’approvisionnement de ces produits qui, pour échapper aux contrôles, étaient livrés dans des conditions parfois rocambolesques (parkings d’autoroutes notamment).

 

La Suisse décrète immédiatement un embargo sur la viande de porc autrichienne.

(Le Monde 25/01/01)

 

Encéphalopathie spongiforme bovine

 

On trouvera dans Le Monde  du 16/01/01 un rappel des principales dates de l’épidémie depuis 1988.

 

Les mesures adoptées

Le 29 novembre 2000, la Commission européenne présente un plan de lutte contre l’ESB :interdiction totale des farines animales pour une durée initiale de six mois ; dépistage systématique des bovins de plus de trente mois destinés à entrer dans la chaîne alimentaire, ceux qui n’y sont pas soumis devant être éliminés (Le Monde 1er et 5/12/00).

 

Le 4 décembre 2000, les ministres de l’Agriculture des Quinze approuvent ce plan et fixent la date de sa mise en œuvre complète au 1er juillet 2001 (Le Monde 6/12/00).

 

Ces mesures semblent justifiées dans la mesure où personne n’est épargné : des Etats qui s’estimaient jusqu’ici indemnes de contamination voient successivement leurs certitudes s’effondrer.

 

Un premier cas d’ESB est ainsi découvert en Allemagne le 24 novembre 2000, véritable secousse sismique dans un pays où la technique spécifique utilisée de chauffage des farines à 133 ° était considérée comme un gage tel de sécurité que les éléments à risque n’en étaient pas écartés. L’affaire entraîne la démission des ministres fédéraux de la Santé et de l’Agriculture (Le Monde 11 et 31/01/01).

 

  L’application progressive des programmes de dépistage amène par ailleurs à la constatation que l’Espagne, l’Autriche et l’Italie sont également touchées (Le Monde 16/01/01).

 

En France, où le dépistage systématique est rendu obligatoire depuis le 1er janvier 2001 (Le Monde 23/12/00 et 3/01/01),  un premier animal est détecté en phase d’incubation (Le Monde 23/01/01).

 

L’Afssa réaffirme cependant ses conclusions de novembre 2000 et souligne que le dépistage ne doit pas conduire à un relâchement du principe de précaution, en particulier vis à vis de l’élimination des tissus à risque car les tests ne permettent de dépister « que les animaux présentant des niveaux détectables  [c’est nous qui soulignons] de l’agent pathogène » (Le Monde 4/01/01).

 

Allant dans ce sens, les experts du comité scientifique directeur de la Commission européenne estiment dans un avis à cette dernière du 12 janvier 2001 que les viandes bovines au contact de tissus cérébraux ne devraient plus être commercialisées (Le Monde 17/01/01).

 

Leur mise en oeuvre

Trois séries de difficultés viennent compliquer l’application de l’interdiction des farines animales et celle du programme de dépistage :

 

- les difficultés techniques et de logistique dans les Etats membres de l’U.E. : encore que différentes dans chacun des Etats, les capacités réelles de dépistage ne sont pas encore adaptées au très grand nombre de tests nécessaire au respect des exigences européennes, même d’ici le 1er juillet 2001. Des laboratoires doivent encore être agréés d’ici là (Le Monde 6 et 9/01/01).

 

- l’existence de fraudes : tant la complexité, voire l’opacité, de la composition des aliments destinés au cheptel que des discordances notées dans les statistiques douanières européennes font naître de forts soupçons de trafics illicites de farines ; soupçons déjà vérifiés par la découverte d’un réseau franco-italien (Le Monde 16 et 26/01/01).

 

- les surcoûts engendrés par l’opération : coût des tests effectués à l’abattage (350 F. par unité, dont 100 francs seraient pris en charge par l’U.E., le reste pesant sur la filière post-abattage, c’est à dire en définitive sur le consommateur) (Le Monde 6, 9 et 18/01/01) ; nécessité plus que vraisemblable d’achats publics d’intervention si le cours de la viande descend au-dessous d’un certain seuil et possible réduction des aides aux éleveurs (Le Monde 25, 28-29 et 31/01/01).

 

En amont, c’est donc toute la politique agricole commune qui va devoir être repensée, tant financièrement que qualitativement. En aval, ce sont des mesures de soutien et d’indemnisation aux malades et/ou à leurs familles qui devront être mises sur pied (les familles des deux premières victimes françaises de la forme humaine de l’ESB ont ainsi déposé une plainte qui vise les autorités françaises, britanniques et européennes (Le Monde 19/01/01).

Affaire à suivre…

 

Michèle Poulain

14 février 2001

 

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