L’article 97 de la Charte des Nations Unies stipule que
« le Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale
sur recommandation du Conseil de sécurité ». Dans la pratique,
il a été affirmé qu’était établie une coutume relative à une
rotation géographique, à raison de deux mandats successifs (au
maximum) par région. Or l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali a eu un
mandat avant que le Ghanéen Kofi Annan ne prenne ses fonctions en 1997 :
en conséquence l’Afrique a eu deux mandats successifs. Le mercredi 27
juin 2001, en recommandant à l’unanimité Kofi Annan pour un second
mandat, les Etats membres du Conseil de sécurité récusent
indirectement l’existence d’une telle coutume, ou mettent fin à
cette existence. La confirmation par l’Assemblée générale du choix
des quinze conforte cette analyse.
Qu’est-ce donc qu’une coutume internationale, si ce
n’est la volonté des Etats ? Il peut dès lors être argumenté
que la coutume a plutôt changé, mais un seul cas suffit-il à
constituer une coutume ? Et quelle serait la nouvelle coutume ?
N’est-ce pas plutôt une exception à la règle coutumière, en raison
de « circonstances exceptionnelles » ? Que
d’interrogations qui n’auront de réponses que dans l’analyse de
la pratique à venir.
Alors qu’en 1997, il était à craindre que Kofi Annan
ne soit l’homme des Américains qui avaient expressément « renié »
l’Egyptien, le Secrétaire général a su jouer le parfait diplomate,
swinguant entre les positions politiques des Etats, par réalisme, et a
obtenu de petites victoires. Mais l’adage ne dit-il pas que les grands
pas sont faits de petits pas...
Sa particularité aura été, durant ce premier mandat qui
s’achève en décembre 2001, d’avoir réussi à négocier des réformes
de l’Organisation qui, même si elles demeurent insuffisantes,
permettent une action plus appréciée de l’Organisation universelle
et une ouverture sur la société civile, qu’elle soit désintéressée
(le mouvement associatif) ou intéressée (les sociétés commerciales).
Il ne faut point se faire d’illusion, les Etats tenteront toujours
d’atteindre leurs objectifs de politique extérieure à travers
l’action des organisations auxquelles ils participent, de sorte que
l’action onusienne ne saura jamais correspondre entièrement aux intérêts
de l’Humanité tout entière.
Note
Un communiqué de presse du Secrétariat général des
Nations Unies offre une courte notice biographique de Kofi Annan. Cf. SG/2031/Rev.4
- BIO/3053/Rev.4 du 27 juin 2001.
Roland
Adjovi
30 juin
2001
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