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L'ONU et l'actualité de quelques conflits en Afrique :

1er semestre 2001.

VIH/Sida - Algérie - Angola - Erythrée et Ethiopie - République Centrafricaine - République démocratique du Congo et l'Afrique des Grands Lacs.

 

par Roland Adjovi (30 juin 2001)

 

1) VIH/Sida

 

Depuis janvier 2000 avec sa première séance consacrée au Sida, et plus particulièrement depuis le 17 juillet 2000 avec l’adoption de la Résolution 1308 (2000) du Conseil de sécurité, la question du VIH/Sida fait ouvertement partie des préoccupations des Nations Unies, dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Cette inclusion résulte du constat de l’extension de la pandémie, et des risques qu’elle induit dans les zones en conflit en raison des violences sexuelles commises. Cette inclusion fait de la pandémie une menace à la sécurité, ce qui pourrait fonder une résolution obligatoire pour les Etats, même s’il est difficile de deviner en pratique quel en serait le contenu. C’est la persistance d’une approche sectorielle de la sécurité collective, avec les Résolutions sur les femmes et les conflits armées, les enfants et les conflits armés, etc.

Le vif intérêt des Nations Unies pour la question a conduit à la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le VIH/Sida (25-27 juin 2001). La déclaration finale fixe les objectifs à poursuivre dans la lutte contre le fléau, ce qui pourrait fonder une meilleure action en la matière, et une stratégie en préparation au Secrétariat général de l’Organisation.

 

 

2) Algérie

 

La lutte islamiste qui dure depuis déjà une dizaine d’années et la déstabilisation du pouvoir politique algérien a failli faire oublier les revendications culturelles des Berbères en général, ceux de la Kabylie en particulier. Depuis maintenant deux mois, le pouvoir de Abdelaziz Bouteflika est ébranlé par la résurgence de cette volonté de reconnaissance nationale de la spécificité berbère. L’objectif est de mettre fin à une politique nationale d’arabisation persistante. Les manifestations depuis le début du mois de juin sont prohibées puis réprimées selon des humeurs policières dont la presse se fait l’écho.

Paradoxalement les Institutions qui se sont « spécialisées » dans la réaction aux crises, demeurent silencieuses pour l’instant. Ni l’O.N.U. ni l’O.U.A. n’ont réagi matériellement à cette évolution politique en Algérie où la présomption de violations des droits de l’homme est patente et où elles ont tous les arguments classiques tournant autour du droit à la différence et de l’auto-détermination interne ou externe. Il faut espérer que la situation paraisse suffisamment critique désormais pour que les réactions se fassent. Les Algériens ne pourraient qu’y gagner, car l’œil extérieur, tant qu’il n’est pas impérialiste ni donneur de leçons, permet de réduire les risques de violations massives des droits humains.

 

 

3) Angola

 

La guerre a repris de plus bel, l’UNITA ayant ré-occupé (ou gardé) les zones diamantifères qu’elle contrôlait auparavant et que Luanda tente désormais de lui reprendre ardemment. Dans sa Résolution 1336 (2001) du 23 janvier 2001, le Conseil de sécurité proroge pour une durée de trois mois, le mandat de l’instance de surveillance établi par la Résolution 1295 (2000), et permet au Secrétaire général de « reconduire dans leurs fonctions les experts, au nombre de cinq au maximum ». La Résolution 1348 (2001) du 19 avril 2001 vient étendre le même mandat pour une nouvelle période s’achevant le 19 octobre 2001, en autorisant le Secrétaire général à renouveler l’équipe de cinq experts. Il y est aussi demandé au Président du Comité des sanctions sur l’Angola de présenter un rapport supplémentaire au plus tard à la fin du nouveau mandat de groupe de surveillance.

 

 

4) Erythrée et Ethiopie

 

Dans sa Résolution 1344 (2001) du 15 mars 2001, le Conseil de sécurité a prorogé le mandat de la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) pour une période de six mois (mars – septembre) dans la limite de l’effectif fixé par la Résolution 1320 (2000). Il étend aussi les actions que doit exécuter la MINUEE, en l’« engageant » à soutenir la Commission mixte de tracé des frontières entre les deux Etats. Une autre tâche d’une Opération de Maintien de la Paix, qui étend le champ des possibles dans le cadre d’une globalisation du concept de sécurité.

 

 

5) République Centrafricaine

 

La République Centrafricaine (RCA) constitue l’exemple où la Communauté internationale a partiellement réussi à ramener la paix, d’abord avec une gestion régionale (MISAB, force d’interposition mise en place par le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de France et d’Afrique) prolongée par une gestion onusienne (MINURCA, puis BONUCA). Succès relatif puisque les tensions ne se sont pas complètement tues. Dans ses différents rapports au Conseil de sécurité notamment depuis les dernières élections, le Secrétaire général n’a cessé de rappeler la persistance de différends politiques entre le pouvoir en place de Ange-Félix Patassé et l’opposition, ainsi que celle d’une situation socio-économique difficile, en ajoutant les conséquences du conflit en République démocratique du Congo (R.D.C.) (cf. le dernier rapport du Secrétaire général de janvier 2001, S/2001/35).

Dans la nuit du 27 au 28 mai dernier, ces tensions n’ont pas manqué de s’extérioriser violemment avec la tentative de putsch conduite par des forces de l’opposition qui ont voulu prendre d’assaut la résidence du Chef de l’Etat. C’est une évolution négative puisque ces dernières années, le pays n’a connu que des mutineries sans véritable intention de s’emparer du pouvoir en renversant le régime en place. Les forces loyalistes, ayant probablement profité pour s’améliorer d’un soutien international à la reconstruction du pays, ont pu garder le contrôle de la situation, soutenues par un contingent libyen venu spécialement pour la « bonne cause ». Il faut rappeler que l’ambassadeur libyen avait été assassiné au cours de l’année dernière, le 20 août 2000, par un groupe armé à Bangui. Ces forces loyalistes ont procédé à une « chasse aux sorcières » dont le bilan reste difficile à établir.

Les Nations Unies ont immédiatement été à pied d’œuvre grâce à la veille assurée dans le pays avec le BONUCA (Bureau des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Centrafrique) et au siège à New York, pour entamer des négociations, d’où l’intérêt des missions de consolidation et de reconstruction de la paix. Le général Amani Toumani Touré qui avait déjà assuré le même service de médiateur en 1997, est rappelé comme Envoyé spécial du Secrétaire général à Bangui. Au bout d’une dizaine de jours durant lesquels il a rencontré le président Bongo du Gabon, médiateur tous azimuts dans les conflits de l’Afrique centrale, ainsi que les parties centrafricaines, ces conclusions sont toujours aussi objectives et déterminées : il faut faciliter les discussions entre les parties au conflit, assurer la participation de tous à la gestion politique du pays, et donner aux militaires des missions claires avec des conditions de vie décentes pour qu’ils ne soient pas tentés par des coups de force. Sera-t-il plus entendu aujourd’hui qu’hier ? Seules les suites données à ses conclusions nous le diront.

 

 

6) République Démocratique du Congo et l’Afrique des Grands Lacs

 

En février dernier nous faisions état de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila et de l’avènement de son fils, Joseph Kabila, à la tête de l’ancien Congo Belge. Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts…

D’abord les enquêtes menées tendent à disculper le fils dans l’assassinat du père, à faire apparaître une rivalité entre les soutiens militaires de LDK (Angola, Namibie et Zimbabwe), et à inscrire l’assassinat dans un complot pro-rebelle sans que les responsabilités ne soient unanimement déterminées. Seules des actions en justice pourraient donner une meilleure idée de la position officielle du gouvernement de Kabila fils, sur cet assassinat.

Ensuite Joseph Kabila a su renouer et développer le contact avec la Communauté internationale, notamment les Nations Unies pour le déploiement de la MONUC, et l’Union Européenne pour l’aide au développement et à la reconstruction dans le cadre de l’aide humanitaire, sans compter la Belgique et tous les autres partenaires bilatéraux. Persiste toutefois, le différend international à propos du mandat d’arrêt international contre Abdoulaye Yerodia, devant la Cour internationale de Justice, ainsi que l’action contre l’Ouganda pour actes d’agression et de violation de souveraineté.

La situation politique interne de la R.D.C. n’a pas beaucoup changé, malgré le remaniement ministériel qui a permis à Joseph Kabila de constituer son équipe indépendamment des accointances entre son père et certains membres du gouvernement dont il a « hérité ». Le dialogue intercongolais n’a pas encore eu lieu, et nul ne s’est dans quelles conditions il se tiendrait d’autant plus que le pouvoir en place empêche les rencontres initiées par les partis d’opposition avec les mouvements rebelles.

Au niveau de la sécurité, le retrait des troupes étrangères ne se poursuit pas, malgré les rappels de ses exigences par le Conseil de sécurité dans ses Résolutions 1341 (2001) du 22 février 2001 et 1355 (2001) du 15 juin 2001, citant nommément le Rwanda et l’Ouganda. Une résurgence des affrontements est même à relever, retardant ainsi la poursuite du déploiement de la MONUC dont le mandat a été prorogé pour une année (juin 2001 à juin 2002) avec la Résolution 1355 (2001). Joseph Kabila souhaite pour sa part que ce déploiement ne se fasse plus sur les lignes de démarcation interne à la R.D.C. et séparant les territoires sous contrôle gouvernemental de ceux contrôlés par les rebelles, mais sur les frontières mêmes du pays, notamment celles avec l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi… Cette solution pourrait convenir à ces Etats parce qu’elle leur permettrait de voir leurs frontières sécurisées, mais elle suppose… un retrait total préalable. Il est difficile de croire en sa faisabilité, en l’état actuel de la crise, avec les nouvelles accusations portées par le Rwanda contre le Gouvernement de Kinshasa qui, aux dires de Kigali, soutiendrait toujours les rebelles dans le Kivu. En interprétant les allégations de Kigali, il faut en déduire que l’occupation d’une partie du Kivu ces derniers mois ne lui a pas permis d’atteindre ses objectifs de sécurisation de la zone… Pourquoi était-elle donc nécessaire ? Et, surtout, pourquoi se poursuit-elle?

Hors de la R.D.C., la situation est identique, mi-figue mi-raisin.

Au Rwanda même, des incursions rebelles se poursuivent, avec des affrontements ponctuels. Tandis qu’en Ouganda, les dernières élections ont ravivé la flamme d’une opposition armée dont l’arme est l’attentat. Plusieurs voitures piégées ont déjà explosé ici et là. Au Burundi, l’opposition armée menace gravement la stabilité du pouvoir de Buyoya. Bujumbura a failli être prise, n’eût été le soutien militaire de Kigali qui, là aussi, agit dans le cadre de la sécurisation des régions environnantes !

 

Roland Adjovi

30 juin 2001

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