Les
trois Etats de l'Union du fleuve Mano, qui en 1973 signaient un pacte de
coopération économique, sont depuis des mois opposés dans un conflit
frontalier. La crise entre la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria a
poussé la CEDEAO (Communauté Economique d’Etats d’Afrique de l’Ouest)
à envoyer, une fois de plus, les forces de l’ECOMOG (« Ecowas
Monitoring Group ») dans la région.
La mort de civils lors des différentes attaques a été dénoncée par
Amnesty International.
De
son côté, le Conseil de sécurité a adopté, le 7 mars 2001, la résolution
1343 (2001) pour imposer un embargo au Libéria. Cependant,
l’objectif visé par cette résolution est beaucoup plus large. Il
s’agit de la stabilité dans les trois Etats de la Mano. Pour ce
faire, le gouvernement libérien doit mettre « fin au soutien
qu’il apporte au RUF [Front Révolutionnaire Uni] en Sierra Leone et
à d’autres groupes rebelles armés dans la région »
Il faut souligner que dans cette même résolution, le Conseil de sécurité
se prononce pour la première fois sur une question liée au financement
de ces mouvements rebelles : le commerce de diamants. La Sierra
Leone est un important producteur de diamants, or c’est le RUF qui
contrôle - encore aujourd’hui - de nombreuses mines diamantifères.
Il s’est avéré que la plupart de ces diamants sortaient de la Sierra
Leone à travers le Libéria qui les revendait après aux pays
occidentaux. Cette résolution arrive peu après le rapport de la
Commission d’enquête des Nations Unies, publié le 20 décembre 2000,
sur le lien qui existe dans cette région entre le trafic des diamants
et celui des armes, rapport dans lequel le président du Libéria
Charles Taylor est directement visé comme l’un des responsables de ce
trafic.
Le
30 mars 2001, le Conseil de sécurité adopte la résolution
1346 (2001) pour, entre autres, prolonger le mandat de la MINUSIL
(Mission des Nations Unies en Sierra Leone). Il ne manque pas de se référer
à la crise frontalière entre les Etats de la Mano, mais en se limitant
à encourager « les efforts déployés par la CEDEAO en vue de
parvenir à un règlement durable et définitif de la crise » et
à souligner « l’importance de l’appui politique que l’Organisation
des Nations Unies peut apporter à ces efforts afin de stabiliser la région ». Quinze jours après, le Comité
du Conseil de sécurité chargé des sanctions effectue ainsi une visite
d'une semaine dans les trois pays, puis rencontre le Secrétaire exécutif
de la CEDEAO, M. Lansana Kouyate.
L’objectif de la visite est de vérifier si le Libéria a mis en œuvre
les mesures proposées par le Conseil de sécurité dans sa résolution
1346 (2001), afin de lui éviter l’imposition de sanctions.
Auparavant, avec le même objectif, une
délégation du Conseil de médiation et de sécurité de la CEDEAO s'était
rendue à Monrovia (Libéria).
Ni
les sanctions, ni la présence de l’ECOMOG dans la région n’ont,
pour l’instant, abouti à un cessez-le-feu entre les Etats de l'Union
du fleuve Mano.
Ana
Peyro Llopis
12
juillet 2001
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