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"L’attribution – pour l’année universitaire 
2000-2001 – de la Chaire internationale de recherche Blaise Pascal à Antonio 
Cassese, Professeur de droit international à l’Université de Florence et ancien 
Président du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie est à l’origine 
de ces travaux. Le projet, qu’il avait présenté pour le mener à bien avec 
Mireille Delmas-Marty, directrice de l’UMR de droit comparé de l’Université de 
Paris 1 (Panthéon-Sorbonne), portait sur « L’élaboration d’un droit pénal commun 
en matière de crimes internationaux - Corpus Iuris Internationali ». 
Cette recherche a donné lieu à plusieurs rencontres en 2001 :  deux séminaires 
organisés à l’Institut Reid Hall  « L’examen comparé des critères de compétence 
juridictionnelle en matière de crimes internationaux - génocide, crimes contre 
l’humanité, crimes de guerre et torture » (en juillet) et « L’enchevêtrement des 
espaces normatifs » (en septembre) ; enfin la conférence de clôture, tenue en 
octobre dans l’amphithéâtre Louis Liard à la Sorbonne, fut consacrée à « La 
justice pénale internationale ». 
  
S’agissant de « crimes internationaux », entendus au 
double sens, formel (d’infraction établie par une norme internationale) et 
matériel (d’infraction portant atteinte à l’ordre public de la société 
internationale), l’élaboration d’un droit pénal commun est lente, complexe et 
évolutive. En 1979, le professeur Lombois, faisant référence au Tribunal de 
Nuremberg, écrivait : « ce n’est pas le moindre des paradoxes de ce droit des 
infractions internationales, sur lequel on a tant philosophé et depuis si 
longtemps, d’être un droit informulé et d’avoir été un droit appliqué. Trois 
fois informulé, ce droit prépare ses textes, attend ses juges, cherche ses 
justiciables. Rien d’étonnant alors que son application fasse figure 
d’évènement ». 
C’est qu’à l’époque, après l’occasion manquée du Traité de Versailles en 1919 
(l’ex-empereur d’Allemagne Guillaume II n’ayant jamais été extradé par les Pays 
Bas), les procès de Nuremberg et Tokyo, aux lendemains de la seconde guerre 
mondiale, faisaient en effet figure d’évènements.  
  
Près de vingt-cinq ans plus tard, qu’en est-il du paradoxe ? Des 
textes ont été rédigés et des juges nommés, avec la création en 1993 et 1994 des 
tribunaux ad hoc pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et le Rwanda (TPIR) ; puis une 
convention portant statut de la future Cour pénale internationale (CPI), qui 
aura pour la première fois un caractère permanent, a été signée à Rome en 1998 
et devrait entrer en vigueur le 1er juillet 2002. Mais l’application 
du droit international pénal à quelques justiciables fait encore figure 
d’événement, les cas les plus célèbres étant la  décision de la Chambre des 
Lords écartant l’immunité de l’ancien chef d’État chilien dans l’affaire 
Pinochet et la mise en accusation de Slodovan (sic) Milosevic par le TPIY. Ces 
seuls exemples montrent déjà que le processus de poursuite et de répression des 
crimes internationaux est double car il peut relever soit de juges appartenant à 
des juridictions nationales, soit de juges internationaux.  
  
Pour rendre compte de cette recherche, précisément dans sa double 
dimension nationale et internationale, deux livres, conçus comme complémentaires 
mais pouvant être consultées séparément, nous ont paru nécessaires. Le premier, 
orienté vers la présentation des systèmes nationaux et leur comparaison, est 
intitulé Juridictions nationales et crimes internationaux ; le second, 
privilégiant les aspects internationaux, pris dans leur dimension non seulement 
juridique, mais aussi politique (souveraineté des États) et philosophique ou 
éthique (valeurs communes de l’humanité), est consacré au thème  Crimes 
internationaux et juridictions internationales".   
Antonio Cassese et Mireille Delmas-Marty (fiche de 
présentation fournie à la revue).   |