Cette chronique reprend après une interruption assez longue. Nous
espérons qu’elle satisfera de nouveau les lecteurs.
I. –
Evénements récents
Un article récent paru dans
Le Monde
signale que les Etats-Unis viennent de demander la réunion d’un panel
dans le cadre de l’Organe de règlement des différends de l’OMC, à propos
de la réglementation communautaire en matière d’OGM (organisme
génétiquement modifié). Ils sont soutenus par l’Argentine et le Canada.
Cette décision intervient alors qu’en juillet dernier, le Parlement
européen a en principe levé le moratoire sur les OGM, qui était en
vigueur depuis 1999. Les Etats-Unis considèrent que tant le moratoire
que le règlement adopté par le Parlement à cette occasion sont des
mesures restrictives condamnées par l’OMC. Il est vrai que la nouvelle
réglementation mise en place sera contraignante puisque le règlement
consacre l’obligation pour l’industrie agro-alimentaire de donner des
informations relatives à la présence d'OGM sur l'emballage des produits.
Cela devrait permettre d’assurer la traçabilité des OGM. Mais ce n’est
pas le seul obstacle : les consommateurs européens sont en effet
beaucoup plus réticents que leurs homologues américains à l’insertion de
ces denrées dans les aliments. Il est donc probable que les industriels
hésiteront à employer des OGM dans les denrées alimentaires destinées à
l’Europe. Voir les articles du journal
Le Monde des 9
juillet et 20 août 2003 ainsi que l’interview de Hervé Kempf - auteur de
La guerre secrète des OGM (Ed. du Seuil, Paris, 2003) - dans
Télérama, n°
2798.
Un rapport espagnol sur les conséquences de la marée noire causée par le
navire le Prestige vient d’être publié. Les experts ayant élaboré ce
rapport estiment qu’une période de dix ans sera nécessaire avant que les
écosystèmes touchés se retrouvent dans la situation qu’ils connaissaient
avant la catastrophe. Les experts ne parviennent cependant pas à évaluer
le danger qui résulte de la présence continue de fioul dans les grands
fonds. Ils pensent que cela entraînera des conséquences sur les
micro-organismes qui s’y développent. Enfin, les experts concluent que
le nombre d’oiseaux morts retrouvés serait très en deçà de la réalité –
de l’ordre de 10 à 20 % seulement. En effet, selon ces experts, la
plupart des oiseaux seraient morts au large des côtes, et donc
impossible à dénombrer. Voir Le
Monde du 22 août 2003.
II. – Actualité des
conventions du droit international de l’environnement
La 6e conférence des Etats parties de la
Convention des
Nations Unies sur la lutte contre la désertification se tient
actuellement à Cuba, du 25 août au 5 septembre 2003.
Nous rappellerons tout d’abord quelques éléments essentiels pour la
bonne compréhension des discussions en cours.
-
À l’heure actuelle, 190 Etats ont ratifié la Convention. La Convention
a été élaborée en 1994.
-
Elle vise à encourager l’adoption de mesures concrètes pour lutter
contre la désertification. Ces mesures sont basées sur la création de
programmes locaux et sur la coopération internationale. Les programmes
d'action sont échafaudés lors de négociations entre les pays touchés,
les pays donateurs, et les organisations inter-gouvernementales et
non-gouvernementales. Le processus ainsi mis en œuvre est censé
déboucher sur une efficacité plus grande de l’aide au développement.
Il doit aussi permettre le déblocage de ressources pour financer les
programmes d'action, qui ont pour ambition l'accès à la technologie,
aux connaissances, etc.
Les discussions en cours concernent plusieurs problèmes.
-
Problèmes financiers tout d’abord, qui ont surtout généré des retards
dans l’élaboration des programmes nationaux.
-
Problèmes de conservation des connaissances et savoirs traditionnels
qui souvent s’avèrent efficaces pour lutter contre la désertification.
Dans la plupart des cas, l’exode rural est à l’origine de leur
disparition.
-
Problèmes de mise en œuvre de la Convention. L’an dernier, lors de la
conférence des Etats parties, les Etats ont décidé la création d’un
Comité chargé de travailler sur cette question.
-
Les discussions les plus actuelles s’orientent vers l’examen des liens
entre la Convention et la problématique de la gestion des ressources
en eau. Plusieurs questions surgissent ici : la rareté, la pollution
et la mauvaise gestion de la ressource, auxquelles s’ajoute le constat
de sa privatisation, qui devient de plus en plus répandue. En abordant
ces points, la conférence des Etats parties entame d’autres
discussions qui ont cette fois trait à la compatibilité des traités
multilatéraux conclus dans le domaine de l’environnement avec les
accords commerciaux qui adoptent une approche très libérale des
échanges et de la gestion des ressources environnementales.
La 7e réunion du Comité de négociation intergouvernemental
(CNI) sur les polluants
organiques persistants (POPs) s’est tenue à Genève des 14 au 18
juillet 2003.
Quelques rappels :
-
La convention a été négociée à l’initiative du
PNUE. Elle a été
signée à Stockholm le 23 mai 2001.
-
La convention a pour objectif de protéger la santé humaine et
l’environnement. Elle concerne les polluants organiques persistants
qui ont pour caractéristiques de rester intacts dans l’environnement
pendant de très longues périodes. Ils deviennent ainsi présents dans
les organismes vivants et sont toxiques pour l’homme et la nature. La
convention vise à réduire et éliminer la dissémination de ces
substances dans l’environnement.
-
Signalons qu’à l’heure actuelle cette convention n’est pas encore
entrée en vigueur puisque en fonction de son article 26, il est prévu
qu’elle ne trouvera à s’appliquer qu’à compter du 50e
instrument de ratification. Pour le moment, seuls 35 Etats ont ratifié
le texte du traité.
-
En principe, les Etats parties devraient se réunir dans le cadre d’une
conférence intergouvernementale. La convention n’étant pas encore en
vigueur, son suivi est pris en charge par le CNI, qui occupe donc des
fonctions intérimaires.
La 7e réunion du CNI a travaillé sur les questions relatives
au véritable fonctionnement de la convention, une fois son entrée en
vigueur acquise. Y ont donc été élaborés des projets de règlements
intérieur et financier. Les questions relatives au budget et à la
création éventuelle d’un mécanisme de règlement des différends y ont
aussi été traitées.
Enfin, notons que le
Protocole de Carthagène sur la biosécurité est sur le point d’entrer
en vigueur (précisément le 11 septembre 2003).
Le protocole a été adopté dans le cadre de la conférence des Etats
parties à la Convention sur la diversité biologique, qui s’était tenue à
Carthagène le 29 janvier 2000. Il vise à éviter les risques découlant de
la dissémination des OGM (l’article 3 parle d’« organismes vivants
modifiés », mais l’assimilation est acceptée). Les mesures mises en
place en vue de remplir cet objectif prévoient une procédure de
notification et d’information nécessaire avant l’autorisation
d’importation d’OGM destinés à être introduits dans la nature.
Il va sans dire, au vu ce que nous signalons plus haut, que les
Etats-Unis n’ont pour l’instant pas l’intention de ratifier ce texte.
Les seuls Etats industrialisés à l’avoir ratifié sont les Etats de la CE
et les pays d’Europe centrale et orientale.
Thierry Vaissière
thvais@wanadoo.fr
3 septembre 2003
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