I. – EVENEMENTS RECENTS
Comme c’est souvent le cas ces derniers
temps, l’actualité des événements récents est dominée par les débats sur
le Protocole de Kyoto et en particulier sur les difficultés résultant du
fait qu’il n’a pas été ratifié par un nombre suffisant d’Etats, mais que
certains vont quand même appliquer les dispositions qu’il contient.
Plusieurs événements successifs
sont venus alimenter les querelles autour de l'intérêt que représente le
Protocole. Nous avons déjà évoqué à plusieurs
reprises dans nos
chroniques précédentes les difficultés que rencontre le Protocole
pour entrer en vigueur. Aujourd'hui, il n'a toujours pas été ratifié par
un nombre suffisant d'Etats, et notamment par les Etats-Unis qui
représentent près du tiers du total des émissions de gaz à effet de
serre. Les espoirs se sont donc recentrés sur la Russie, dont la
ratification entraînerait l'entrée en vigueur du Protocole. L'Union
européenne (UE) a décidé d'appliquer les règles issues de ce dernier,
certains diront, de manière courageuse, d'autres, de manière naïve.
L'engagement communautaire conserve-t-il toujours un sens alors que l'UE
est isolée quant aux positions qu'elle a décidé de défendre ?
Rien n'est moins sûr. À
l'heure actuelle, le nombre de ceux qui dénoncent l'absurdité de cette
position augmente, d'autant qu'elle manque de rationalité économique, et
surtout environnementale. Ces nouvelles raisons peuvent expliquer le peu
d'enthousiasme de la part des Etats membres de l’Union européenne à
appliquer le Protocole. Ils avaient jusqu'au 31 mars 2004 pour
communiquer à la Commission les mesures qu'ils entendaient adopter au
titre des plans nationaux d'allocation de quotas de CO2, prévus par une
directive de 2003, en application du Protocole. Certains Etats membres,
dont la France, ont présenté avec retard leur plan national. L'avenir du
Protocole semble sombre, pour d'autres raisons, qui sont plus anciennes
et alors même qu'il est possible qu'il rentre en vigueur prochainement.
Nous commencerons donc par un exposé sur les anciennes raisons, avant de
revenir sur des explications concernant les plus récentes.
Au sujet des raisons les plus
anciennes, il faut rappeler que depuis que les
Etats-Unis ont levé toute ambiguïté quant à leur comportement à l'égard
du Protocole de Kyoto, l'UE essaie de faire pression sur la Russie pour
que cette dernière ratifie cet instrument. Début juillet 2004, des
négociations ont commencé dans un autre cadre : la Russie a fait savoir
qu'elle souhaitait entrer dans l'Organisation mondiale du commerce. La
réponse de l'UE au sujet de cette candidature n'a pas tardé : l'UE ne
soutiendra la candidature de la Russie que si cette dernière s'engage à
ratifier prochainement le Protocole. L'UE et la Russie ont donc conclu
un accord le 21 mai 2004, à l'occasion de leur sommet semestriel, qui
doit permettre à la Russie d'intégrer l'OMC. Dans le même temps et au
sujet du Protocole de Kyoto, M. Poutine déclarait qu'il allait
« accélérer le mouvement » (voir un article paru dans
Le Monde le 23 juin 2004). Certains posent la question de savoir si
la ratification de la Russie obtenue de cette manière a encore un sens.
La Russie se donnera-t-elle alors les moyens de respecter les
dispositions très contraignantes du Protocole ? Un signe avant-coureur
de ces futures difficultés d’application peut être vu dans les
déclarations contradictoires de la diplomatie russe au sujet de la
ratification dont nous faisions déjà état. De plus, la plupart des
entreprises russes importantes sont hostiles au Protocole de Kyoto. Cela
dit, certaines entreprises espèrent quand même tirer profit du système
d'allocation de quotas qui va être mise en place par l'UE.
Les raisons les plus récentes qui
expliquent les actuelles réticences de certains Etats membres de l’UE au
sujet du Protocole de Kyoto portent sur trois axes :
-
La première
raison est relative à l'élaboration des règles juridiques à
l'intérieur de l'UE qui visent à appliquer le Protocole de Kyoto.
Comme nous le précisions plus tôt, une directive communautaire de
2003 imposait à chacun des Etats membres d'élaborer des plans
nationaux d'allocations de quotas de CO2,
qui doivent permettre le lancement d'un marché d'échanges de quotas
à compter du 1er janvier 2005. La directive ne concerne que six
secteurs d'activités regroupant les activités suivantes : production
d'énergie, industries sidérurgiques, industries papetières,
raffineries de pétrole, industries métallurgiques, cimenteries,
verreries et céramique. Une extension à d'autres domaines est
cependant prévue. Environ 12 000 usines sont concernées par la
directive dans l'UE 25. Près de deux tiers de ces usines sont
situées en Allemagne, en France et au Royaume-Uni. Entre 2008 et
2012, l'UE veut réduire de 8 % son niveau d'émission de CO2,
par rapport à celui de 1990. Cet engagement a été réparti de manière
inégale entre les Etats membres. Des trois Etats principalement
concernés, c’est l’Allemagne qui a le plus d’efforts à fournir. Elle
doit en effet réduire son niveau d'émissions de 21 %. Le Royaume-Uni
se trouve dans une situation intermédiaire. Il doit réduire ses
émissions de 12,5 %. La France, quant à elle, doit simplement
revenir à son niveau d'émission de 1990. Elle émet en effet peu
grâce à son parc nucléaire, qui ne produit pas de CO2.
Les dispositions prévues par la directive sont très critiquées, et
en particulier par les industriels qu'elle concerne. Ils lui
reprochent d'introduire des disparités en excluant, par exemple, les
secteurs de l'aluminium et de l'industrie plastique. Ils estiment
également que la directive fait peser sur leurs activités la
totalité de la prise en charge des coûts générés par la réduction
des émissions, alors que d'autres secteurs échappent complètement à
la réglementation. Il s'agit notamment du chauffage et surtout des
transports. Pour cette raison, une société française, Arcelor, a
décidé d'introduire un recours devant le Tribunal de première
instance des Communautés européennes, en faisant valoir que la
directive créait des distorsions de concurrence.
-
La deuxième
raison est écologique
: selon des estimations scientifiques, la hausse des
températures moyennes enregistrées au niveau de la totalité du globe
risque de varier dans une fourchette allant de 1,4 °C, pour les plus
basses, à 5,8 °C, pour les plus hautes. Or, au vu des engagements
actuels contenus dans le Protocole de Kyoto, la baisse conséquente à
l'application du Protocole risque d'être de l'ordre de 0,15 °C, ce
qui est bien peu. Si seule l'UE s'engage à appliquer le Protocole,
la réduction qui va s'ensuivre sur l'augmentation générale des
températures sera donc extrêmement infime, correspondant à une
partie minime de 0,15 °C. Certains diront, faut-il, pour autant, ne
rien faire ?
-
La troisième
raison est économique.
Dans un ouvrage paru récemment, un auteur danois – il s’agit de
Björn Lomborg (L’écologiste sceptique, Paris, Le Cherche
Midi, 2004, 752 p.) – explique que le coût économique du Protocole
en termes de PIB sera de l'ordre de 2 % du PIB mondial, ce qui est
complètement disproportionné par rapport aux gains de réduction en
termes de température. Il est possible de ne pas être d'accord avec
les leçons que tire cet auteur de son analyse. Cette dernière a au
moins l'intérêt de poser des questions intéressantes, auxquelles il
est nécessaire d'apporter de nouvelles réponses. Dans le même ordre
d'idées, nous ne saurions que trop recommander la lecture d'un
article paru dans
Le Monde
du 4 juillet 2004 et signé de Eric Le Boucher sur les analyses qui
doivent être faites au sujet du comportement de certains Etats et
les conclusions qu'il faut en tirer. Nous avons beaucoup critiqué le
comportement des Etats-Unis à l’égard du Protocole, justement ou
injustement, peu importe. Il faut également tenir compte du
comportement d'autres Etats qui refusent, au nom d'un principe
juridique élaboré dans la Convention-cadre sur les changements
climatiques signée à Rio en 1992, le principe de « responsabilité
commune mais différenciée », de se voir imposer de nouvelles
contraintes, au nom de leur droit à se développer et surtout à
consommer. Cette notion a-t-elle encore un sens dans le cadre d’une
lutte qui ne peut être que commune, et donc partagée par tous les
Etats ?
Pour conclure sur ces questions, il nous
paraît important de rappeler l'esprit dans lequel le Protocole de Kyoto
a été conclu. Il s'agissait d'un accord multilatéral qui impliquait que
les Etats pollueurs marquaient le fait que seule une action globale,
envisagée au niveau mondial, serait en mesure de lutter contre les
dangers que représentent les changements climatiques. Il ne faut pas se
leurrer : le Protocole a volé en éclats le jour où les Etats-Unis ont
fait savoir qu'ils n'avaient pas l'intention de le ratifier. Faut-il
alors que l'Union européenne continuer à s'évertuer à faire vivre un
accord déjà mort ? Et surtout, à quel prix ?
Enfin, la nouvelle conférence des Etats
parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques est
annoncée pour les 6 au 17 décembre 2004 à Buenos Aires en Argentine.
Un article du
Monde paru le 26 juin 2004 revient sur la catastrophe de Bhopal en
Inde et sur les évolutions de la jurisprudence américaine concernant la
responsabilité juridique des multinationales.
Le 3 décembre 1984, une fuite de gaz toxique dans une usine appartenant
à Union Carbide, filiale d’une multinationale américaine, à Bhopal, en
Inde, forme un nuage de gaz mortel. Ce nuage entraîne la mort immédiate
de 8 000 personnes, de 20 000 décès ultérieurs et de 100 000 handicaps
ou maladies. En 1989, la multinationale et le gouvernement indien se
mettent d'accord sur une indemnisation de 470 millions de dollars, au
terme d'une première procédure judiciaire qui s'est déroulée en Inde.
Pour avoir une chronologie très précise, ainsi que des extraits des
différentes décisions et procédures judiciaires, il est possible d’aller
consulter un
site Internet relatif à la catastrophe.
Une nouvelle action juridique a cependant
été lancée contre la société Dow Chemical, qui a racheté Union Carbide.
En effet, de nombreux résidents soutiennent que la nappe phréatique a
été polluée sur le site détenu par Union Carbide, et cela depuis 1980.
C'est à compter de cette date que la société a stocké des déchets issus
de sa production sur un terrain qui lui appartient. Fin 1999, Greenpeace
publie un rapport qui conclut à la présence de mercure et de produits
chimiques dans la nappe phréatique, à des teneurs très élevées. Ce
constat donnera naissance à la seconde action judiciaire, dont nous
voudrions dire quelques mots ici.
Cette fois, c'est la justice
américaine qui est directement saisie. La décision qui nous intéresse a
été rendue par le Juge John F. Keenan de
la United States District Court, district sud de New York. Dans
sa
décision, rendue le 18 mars 2003, le juge soutenait qu'il ne serait
pas possible de faire appliquer une décision de justice sans la
coopération de l'Etat dans lesquels les faits s'étaient déroulés.
Nous reproduisons ici un extrait
de la décision : « To attempt to require UCC to be involved in the
remediation effort would be futile. While plaintiffs correctly
acknowledge that the Indian government would cooperate with any measures
imposed, that cooperation does not mandate this Court to order
remediation by UCC. The Court does not wish to direct a foreign
government as to how that state should address its own environmental
issues. This Court would have no control over any remediation process
ordered. This would render the injunctive relief ineffectual.
Plaintiffs' claim for injunctive relief is denied ».
N’ayant pas l’accord du gouvernement indien, le juge avait décidé de
rejeter la nouvelle plainte.
Or, le 23 juin 2004, le gouvernement
indien a annoncé qu'il n'avait pas l'intention de s'opposer à une
décision américaine obligeant la société à dépolluer son site, alors
même que la décision n'a pas été rendue en Inde. La lettre du
gouvernement indien a été remise au juge en main propre le 28 juin 2004.
Nous reproduisons ici un extrait de cette lettre qui
peut être consultée
sur un
autre
site
dédié à la catastrophe : « The Union of India submits that neither
the Madhya Pradesh State Government or its instrumentalities nor the
Union of India has any objection to any such relief for
environmental remediation of the former Union Carbide plant premises in
Bhopal being ordered or directed by a competent court or tribunal of the
United States. Further, the Union of India and the Madhya Pradesh State
Government and their respective instrumentalities will cooperate
with any such relief as and when issued by the United States District
Court ».
Il est possible de voir dans le nouvel
épisode judiciaire de cette affaire un nouveau moyen pour obliger les
multinationales à respecter les normes environnementales d'un Etat,
lorsque ces dernières existent. Surtout, cela permettrait aussi aux
victimes de tels accidents de faire valoir leurs droits devant la
justice dont relèvent au premier chef ces sociétés, qui sont souvent
basées dans des pays développés. Une nouvelle décision est attendue aux
Etats-Unis dans le courant de l’été.
II. – ACTUALITE DES
CONVENTIONS DU DROIT INTERNATIONAL DE L'ENVIRONNEMENT
La conférence des
Etats parties à la
Convention sur la biodiversité signée à Rio, en 1992, s'est réunie
des 9 au 21 février 2004 à Kuala Lumpur, en Malaisie.
Il s'agissait de la 7e conférence des Etats parties. Elle s'est ouverte
dans un climat morose, dû à l’appauvrissement général de la biodiversité
et à l'incapacité de la Convention à enrayer ce phénomène. La diversité
des espèces et la richesse des écosystèmes se réduisent à un rythme
rapide, qui n'a jamais existé dans l'histoire du globe. Selon l'Union
internationale pour la conservation de la nature, un nombre important
d'espèces présentent un haut risque d'extinction. Un des facteurs qui
permet d'expliquer l'absence d'efficacité de la Convention réside dans
le refus américain de la ratifier. Une autre raison pourrait trouver son
explication dans la difficulté d'exposer les enjeux de la biodiversité
au public. Pour y remédier, la France a proposé d'organiser un colloque
qui devrait permettre la création d'un comité scientifique qui serait
chargé de relayer les informations aux Etats et au public, d'une part,
pour aider les Etats à prendre leurs décisions, et d'autre part, pour
sensibiliser le public.
Plusieurs thèmes de
discussions ont été abordés pendant la conférence, qui ont abouti à
l’adoption de 33 décisions par les Etats.
Les Etats devaient
notamment se prononcer sur les négociations qui sont en cours au sujet
de l'accès et du partage des avantages (APA),
qui peuvent résulter du brevetage des ressources biologiques. Depuis
toujours, il existe une opposition très forte entre plusieurs groupes d’Etats.
Certains, dont les Etats du Sud, représentés par des Etats tels que la
Chine, l'Inde, le Brésil, l'Indonésie et l'Afrique du Sud, souhaitent
obtenir une indication d'origine des ressources biologiques dans tout
brevet qui en découle. Cela devrait ouvrir la voie à un partage des
bénéfices issus de la commercialisation des brevets concernés. Ces Etats
défendent une idée intéressante : ce partage implique une valorisation
économique de la biodiversité, ce qui constitue un gage de son existence
et de sa pérennité. Sans cette reconnaissance, la disparition de la
biodiversité risque encore de s'accroître. Certains pays développés et
notamment les Etats-Unis défendent les intérêts de leurs industries et
notamment des laboratoires pharmaceutiques. Ils sont donc opposés à
toute reconnaissance d'un quelconque partage des bénéfices. Cela
explique d’ailleurs le refus américain de ratifier la Convention. Ils ne
sont pas les seuls à s'opposer à ce système. Ce dernier se ferait au
mépris des populations autochtones dont les droits sont pourtant
reconnus par la Convention et conduirait en réalité à un pillage des
ressources biologiques. Sur ce thème, aucune décision n’a été prise sur
le fond. Les négociations doivent se poursuivre, mais il semble qu’un
consensus puisse se dégager dans un futur proche. Ce consensus devrait
permettre la mise au point d’un mécanisme qui satisfera le plus grand
nombre d’Etats.
Un nouveau thème
apparaît dans les discussions.
À quel régime juridique faut-il soumettre les ressources biologiques qui
ne sont pas soumises à une quelconque souveraineté nationale ? Les Etats
se sont penchés en particulier sur la question des écosystèmes en
hauts-fonds marins qui se développent autour des sources d'eau chaude
océanique. Ces sites ne sont pas encore exploités ; en revanche, ils
sont examinés sans réelle précaution par les scientifiques depuis une
vingtaine d'années. Ils présentent une grande concentration de sulfures
métalliques. Là aussi, les discussions sont en cours.
Pour remédier à
l'appauvrissement de la biodiversité, plusieurs pistes sont ouvertes. La
Convention prévoit la mise en place d’aires protégées (AP).
Leur mise en place s’avère compliquée en raison des craintes partagées
par plusieurs Etats concernant leur souveraineté sur les territoires
concernés et les ressources qui s’y trouvent. Les difficultés à ce sujet
semblent aplanies par la présence de dispositions qui offrent aux Etats
une certaine marge de manœuvre pour agir au niveau national.
Les principaux autres points qui ont été
abordés concernent la diversité biologique des écosystèmes montagneux,
le transfert de technologie et la coopération technologique, ainsi que
l’application des objectifs déterminés à l’occasion de la conférence des
Etats parties précédentes, visant à réduire de manière importante d’ici
2010 le taux de réduction de la diversité.
Des décisions ont
notamment été prises dans le domaine de la biodiversité des écosystèmes
montagneux.
Ainsi, la décision VII/27 prévoit-elle l’adoption d’un programme de
travail sur la diversité biologique des montagnes, et qui comporte un
ensemble d'actions portant sur les caractéristiques et les problèmes
propres aux écosystèmes de montagne. L'objet du programme de travail est
de réduire de manière substantielle la perte de diversité biologique des
montagnes d'ici 2010, à l'échelle mondiale, régionale et nationale.
Dans le même temps,
les Etats parties ont siégé pour la première fois en tant que réunion
des Etats parties au
Protocole de Cartagena pour la prévention des risques biotechnologiques.
C’est dans ce cadre qu’ont été adoptées d’autres décisions qui
concernent surtout les modalités de fonctionnement du Protocole. Il faut
ici rappeler les lignes directrices du Protocole. Ce dernier met en
place un système de contrôle et d’autorisation préalable à l’importation
dans un Etat au sujet de substances qui sont susceptibles de créer des
risques environnementaux. Sont notamment ici visés les OGM. Certains
groupes d’Etats sont spécifiquement visés. Il s’agit en particulier des
pays en développement et spécifiquement des pays les moins avancés.
Ainsi, la décision BS-I-2 met-elle en place
des mécanismes et procédures qui ont pour objectifs de fournir aux Etats
des outils d’aide à la décision. Il s’agit de créer des capacités chez
les pays en développement et de faciliter l’accès de ces pays aux
ressources au Centre d'échange pour la prévention des risques
biotechnologiques ou aux informations qu'il abrite. Ces pays doivent
avoir la possibilité de solliciter toute assistance pour examiner une
notification d’importation, grâce au fichier d'experts. Dans l’hypothèse
où l’Etat importateur éprouve des difficultés pour donner son
autorisation, voire même, pour répondre à la notification d’importation
qui lui a été communiquée par l’Etat exportateur, ce dernier peut aider
financièrement l’Etat importateur à obtenir l'assistance d'un expert,
afin de lui permettre à la Partie importatrice de prendre une décision.
La décision BS-I/3 prévoit les modalités de fonctionnement du centre
d’échange. Enfin, la décision BS-I/7 s’est-elle prononcée sur la mise en
place de procédures et de mécanismes de respect des obligations au titre
du Protocole de Cartagena sur la prévention des risques
biotechnologiques.
Une conférence
internationale s'est réunie en février à Londres au sein de l'Organisation
maritime internationale.
Elle a abouti à l'adoption d'une
Convention sur la gestion des eaux de ballasts des navires. Les
eaux de ballasts permettent au navire de trouver un équilibre physique
en les lestant, et en particulier lorsqu'ils ont livré leur cargaison et
qu'ils voyagent à vide. Environ 87 000 navires transportent ainsi chaque
année 5 milliards de tonnes d'eau de ballast, et ce chiffre ira en
augmentant en raison de l'augmentation du trafic. Le problème réside
dans le fait que l'eau de ballast ainsi transportée est riche en
micro-organismes, qui peuvent envahir l'écosystème dans lequel ils ont
été rejetés. La Convention définit les procédés techniques qui
permettent d'éviter le transport de ces micro-organismes. Ainsi, selon
l’article 2, qui définit des obligations générales, les Etats doivent
prendre toute mesure pour prévenir, minimiser et ultimement éliminer les
transferts de micro-organismes grâce au contrôle et au suivi des eaux de
ballasts des navires. L’article 2 est notamment complété par l’article
5. Ce dernier prévoit l’obligation pour les Etats de prendre des
dispositions, pour que les terminaux se trouvant dans les ports
accueillant les navires aient les moyens techniques adéquats pour la
réception et le traitement des eaux de ballasts.
La Convention a été
signée à Londres le 13 février 2004. Pour rentrer en vigueur, elle doit
avoir été ratifiée par 30 Etats représentant 35 % du tonnage mondial de
la marine marchande. À ce jour, elle n’a été ratifiée par aucun Etat.
Comme nous
l’avions souligné dans
une de nos chroniques précédentes, le
Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la
couche d’ozone a rencontré d’importantes menaces quant à son
application, suite à des rumeurs qui avaient circulé à l’occasion de la
15e réunion des Etats parties sur le futur comportement des Etats-Unis à
l’égard du Protocole.
Ces difficultés
concernaient en particulier l’une des substances visées par le
Protocole, le bromure de méthyle, qui selon certains Etats, dont les
Etats-Unis, n’était pas encore remplacé par de nouveaux produits de
substitution. La 15e réunion avait prévu de régler cette question lors
d’une réunion extraordinaire. Elle s’est tenue des 24 au 26 mars 2004,
au Centre de conférence de l'Organisation internationale de l'aviation
civile, à Montréal. Un compromis a été trouvé à la fin de cette 1re
réunion extraordinaire. Il porte sur la question des exemptions pour
usage crucial, qui permet à un ou plusieurs Etats de déroger aux mesures
d’interdiction de production et de consommation des substances
concernées, dont le bromure de méthyle. Dans ce compromis, la
production et la consommation du bromure de méthyle
sont assorties d'un plafond.
Un groupe de travail spécial chargé de l'évaluation des procédures de
travail et des termes de référence de la Commission sur les options
techniques pour le remplacement du bromure de méthyle a également été
créé. Les Etats ont aussi adopté de nouvelles décisions, sur de
nouvelles réductions, visant le bromure de méthyle et applicables aux
pays en développement. Il faut donc en conclure que lors de cette 1re
réunion extraordinaire, les Etats son su régler leurs différends pour
trouver un consensus. Le Protocole de Montréal conserve donc sa place
d’instrument le mieux appliqué au monde, dans le domaine du droit
international de l’environnement.
Thierry Vaissière
thvais@wanadoo.fr
Juillet 2004
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